Lahor Fatima, «victime d'une erreur médicale», selon sa famille, et d'un «accident», selon ses médecins, lui valant une gangrène à l'avant-bras droit et donc obligatoirement l'amputation du membre touché, est désormais dans un état des plus critique. «Le plus grave, affirme sa mère, c'est que des médecins du CHUO fuient leurs responsabilités en refusant de l'opérer.» «Pour moi, il s'agit-là de non assistance à personne en danger, et ce qui ajoute à la gravité du fait c'est que cela se passe au sein même de l'hôpital où l'on est censé soigner les gens.» «Voyez son état, dit la maman en pleurs, elle a une forte fièvre et n'a pas dormi de la nuit.» Elle ajoute, visiblement très préoccupée par le sort de sa fille, que «l'opération qu'elle avait subie au dos est en train de s'infecter à cause de la position couchée, alitée qu'elle est depuis maintenant quatre semaines sans que l'on daigne encore faire quelque chose de concret pour elle.» «Je signale, dit encore la mère aux traits fatigués, que Fatima est actuellement sous tranquillisants.» Elle affirme qu'elle se met continuellement en colère à la vue de son avant-bras qui a pris la couleur noire de la gangrène. «Est-elle en train de payer le prix d'avoir ébruité l'affaire à travers la presse?» interroge-t-elle, la voix empreinte d'un ton de déception. Mais quel risque guette la jeune Lahor Fatima? La question a été posée à un spécialiste de l'échographie Doppler, un examen qui permet d'explorer les flux sanguins intracardiaques et intravasculaires. Celui-ci, après avoir pris connaissance du dossier de Fatima Lahor, a déclaré: «La décision de l'amputation est irréversible et elle devrait être exécutée dans les plus brefs délais possibles. Car la gangrène se propage rapidement, ce qui expose l'état, voire la vie, de la malade à un réel danger. Plus tôt l'amputation est faite, moins nous avons de dégâts.» Autrement dit, la perte de temps constatée jusqu'ici met en danger la jeune fille. «Le pire, dit la mère, c'est que les médecins traitants ne semblent pas prendre au sérieux le cas désespéré de ma fille, continuant à jouer avec sa vie en l'évitant comme si elle avait la peste.» La mère rapporte par ailleurs des propos de la secrétaire générale du CHU d'Oran «qui s'est enquise personnellement de l'état de la fille». Elle lui aurait confié que «les médecins sont tenus de faire opérer la fille avant que la maladie ne gagne d'autres parties de son corps en menaçant sa vie». «La secrétaire générale du CHUO a rendu visite à ma fille pour s'enquérir de son état et elle nous a promis de prendre en charge son cas. Mais je dois signaler ici que cela fait plus de trois semaines que Fatima est dans un état extrêmement critique et aucun des chirurgiens spécialistes ne semble prendre conscience du problème pour l'amputer rapidement», dit la mère de la patiente, avant de lâcher, après un silence: «Les médecins nous ont promis de l'opérer au courant de la semaine. Malheureusement, ces promesses n'ont pu être tenues et ma fille entame la quatrième semaine avec un bras gangrené et souffrant de plus en plus.» Elle se tait un moment puis ajoute: «Personne ne peut se mettre à sa place pour supporter l'intensité de la douleur qu'elle ressent. Je ne cesse de sensibiliser les médecins, hélas je n'ai pas encore de réponses claires à toutes les questions qui me tourmentent. Pourquoi ne veulent-ils pas l'opérer aujourd'hui? Comment peuvent-ils rester ainsi indifférents à l'évolution de la gangrène?» Concernant l'état psychologique de la patiente, la spécialiste qui la suit dira: «Les multiples reports de la date de l'opération ont agi négativement sur son état psychologique. C'est bien dommage, on avait franchi un grand pas dans sa préparation psychique et morale pour subir l'amputation. Les choses sont revenues aujourd'hui à la case de départ. Maintenant, nous devons renforcer les efforts de thérapie psychologique à son égard.»