Après les travailleurs venus de Chine c'est au tour du Sri Lanka d'envoyer des ouvriers grossir les rangs de la main-d'œuvre étrangère en Algérie. Depuis quelques mois, on assiste à un arrivage massif de citoyens venus de ce lointain pays d'Asie qu'on appelait Ceylan. En fait, qui est derrière l'acheminement de ces travailleurs ? Les sociétés étrangères ou locales ? Si les Chinois sont venus en Algérie au début des années 2000, ramenés dans les bagages des entreprises chinoises grâce aux contrats obtenus dans le cadre de la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, la venue d'une centaine de travailleurs Sri Lankais est loin de répondre à un objectif bien précis. Selon un agent douanier qui a requis l'anonymat, «plusieurs vagues successives de citoyens Sri Lankais ont déferlé sur le sol national, via l'aéroport international d'Alger, et ont été directement acheminées vers l'est du pays». A titre de rappel, les deux tronçons de l'autoroute Est-Ouest ont été attribués respectivement aux entreprises chinoises et nippones. Ces travailleurs étrangers ont-ils été «importés» dans un cadre légal et avec approbation du ministère du Travail, ou sont-ils entrés illégalement ? Le travail n'est pas valorisé en Algérie et la culture du travail n'est globalement pas présente. Le ministre de l'Industrie, Abdelhamid Temmar, n'affirmait-il pas il y a quelque temps que les travailleurs chinois «ont des ressorts formidables de flexibilité qui leur permet d'aboutir sur un plan international à des prix qui sont imbattables et des qualités remarquables». Traduction : les coûts de la main-d'œuvre les plus bas du marché international. Certes, l'ouverture du secteur public à la concurrence est une exigence de l'économie de marché. Le problème qui se pose est les procédés et la manière d'attribution des marchés, aux sociétés étrangères qui soumissionnent, qui ne sont pas clairs. Pourtant un ressentiment est partagé aussi bien par les jeunes les plus précarisés et leurs familles que par les jeunes au profil professionnel BCBG. La concurrence sur les chantiers entre travailleurs «clandestins» et jeunes des quartiers qui revendiquent des emplois de proximité est connue. A Bab-Ezzouar, des rixes quotidiennes sont enregistrées entre travailleurs chinois et jeunes riverains. «Les Chinois nous envahissent !», se plaignent les jeunes du quartier. Ces fantasmes dégénèrent parfois en violence. La répartition des travailleurs étrangers par secteur d'activité montre que 51% de la main-d'œuvre étrangère ont investi le BTPH, 41,2% l'industrie, particulièrement les hydrocarbures, 3,6% le secteur des services et 0,2% l'agriculture. Quant au tableau des qualifications, il révèle que 23% des travailleurs étrangers sont des cadres supérieurs. Les derniers chiffres officiels indiquent que 32.000 étrangers travaillent légalement en Algérie, représentant quelque 105 nationalités. Les Chinois constituent la communauté étrangère la plus importante avec 45% des effectifs, suivis des Egyptiens (11%), puis des Italiens (3,5%), des Philippins, des Américains, des Français et des Canadiens, dans une proportion de près de 3% pour chacune de ces nationalités. Sur le plan de la répartition géographique, quatre villes concentrent à elles seules 67% de la main-d'œuvre étrangère, à savoir Alger, Ouargla, Oran et Adrar. Alors que les wilayas d'Illizi, Skikda, Boumerdès et Mila en accueillent 15%. Le reste est réparti à travers 35 wilayas. Seules les villes de Tébessa, Guelma, El Oued et Tindouf n'ont pas reçu de travailleurs étrangers. Selon le Centre national du registre de commerce (CNRC), plus de 2.600 entreprises étrangères, originaires de 71 pays, opèrent en Algérie. Outre les PME étrangères et les groupes internationaux qui emploient de la main-d'œuvre étrangère, des entreprises algériennes, à la recherche de compétences pour accompagner leur développement sur un marché de plus en plus concurrentiel, font appel, ces dernières années, à des cadres étrangers, n'hésitant pas à leur offrir des salaires du même niveau que ceux proposés par leurs concurrentes occidentales.