Les engins de travaux publics (TP) d'occasion n'entreront plus en Algérie. Certains entrepreneurs achetaient des engins volés sur des chantiers en Europe et qui se retrouvaient, plus tard, en Algérie. Du chariot élévateur au compacteur en passant par la pelleteuse hydraulique, toute la panoplie des engins des TP y passe. Des businessmen, sans scrupules, passent commande. Ils seront fournis par des réseaux parallèles qui expédient la marchandise depuis les ports de Gênes, Marseille ou Barcelone. «Récemment, les autorités espagnoles nous ont signalé une vingtaine d'engins français volés qui devaient rejoindre l'Algérie». Ce commerce parallèle, organisé par une filière franco-italienne, se développe car il rapporte gros. Même bradée à 50% de sa valeur, la moindre pelle mécanique se monnaye entre 8.000 et 32.000 euros. «Aujourd'hui, il vaut mieux organiser un trafic de pelleteuses que de braquer des banques. C'est plus rentable et les sanctions éventuelles sont moins lourdes», constate un entrepreneur français. L'année dernière, plus de 53 pelleteuses dérobées en Italie ont été revendues au Maghreb via Marseille. Il y a deux ans, le patron des Sablières du Buech, une petite entreprise d'extraction des Hautes-Alpes, constatait le vol d'un de ses chargeurs de 28 tonnes. Un engin flambant neuf, capable de déplacer 10 tonnes de pierres. «Il a été volé par des petits truands algériens qui ont acheté un vieux camion, puis piqué un porte engins sur un chantier d'autoroute pour transporter ma machine jusqu'en Espagne en une journée», raconte ce patron. Accompagné de faux documents, le chargeur est parvenu sans encombre jusqu'à sa destination finale, l'Algérie. Seuls les engins neufs seront dédouanés Pour faire cesser ce large trafic international, l'article 50 de la loi de Finances 2009 énonce: «Sauf dispositions contraires, est autorisé le dédouanement pour la mise à la consommation des biens d'équipements neufs, y compris les engins de travaux publics (...) de matières premières et de pièces de rechange neuves». Il s'agit donc d'une autorisation exceptionnelle. Pour les négociants français, le coup est dur. «Ils ne sont pas les seuls à en souffrir car les entreprises de TP, opérant dans ce pays, avaient pour habitude de ne pas rapatrier le matériel qu'elles y utilisaient, préférant le revendre sur place. La disparition de cette plus-value et, surtout, le coût du transport retour des engins va peser sur la rentabilité des chantiers.