La grippe A/H1N1 a déjà fait une victime de marque, le système de santé algérien. Le dernier bilan fait état, déjà, de 8 morts et de 362 cas confirmés. Parallèlement, le schéma organisationnel, élaboré pour la préparation de la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), bat de l'aile depuis quelques jours et la tendance est à la panique. Une des victimes, décédée à Oran, est d'ailleurs passée à travers les mailles du filet sans qu'elle soit repérée par les cellules de veille. En l'espace de seulement 8 jours (du 26 novembre au 4 décembre) le nombre de décès est passé de zéro à 8. Ce qui devrait déclencher la mise en place d'une cellule de crise. La situation ne semble pas être prise au sérieux par le ministère de la Santé. Ce ne sera, d'ailleurs, pas le vent de panique qui souffle sur les villes et villages du pays qui confortera Barkat dans ses interventions. Hamid A. père d'un élève touché par la grippe porcine ne comprend pas comment une ville de la taille de Béni-Saf a pu échapper au contrôle des autorités sanitaires. «Qu'en sera-t-il à Oran ou Tlemcen?» s'interrogera-t-il. Evoquant cette femme qui devait accoucher à l'hôpital d'Oran, un proche dira «elle est entrée pour donner la vie et elle en est ressortie, sans». Quand la pandémie s'était déclarée, le ministre de la Santé avait multiplié les déclarations et assuré que «toutes les mesures avaient été prises pour éviter ce qui se passe au Mexique et aux Etats-Unis». Barkat a avoué que la mise en place du dispositif nécessitait quelques «réglages», mais la situation tourne à la mauvaise farce: les citoyens doivent faire preuve de beaucoup de patience pour pouvoir recevoir leur injection. La vraie vaccination ne sera lancée qu'au mois de janvier prochain avec l'arrivage d'un lot de 4.000.000 de doses de vaccin. Le côté farce d'une campagne menée de la façon la plus incohérente qui soit, ferait plutôt sourire si les autorités de santé n'avaient pas autant «omis», dans leurs communications sur la grippe A/H1N1, le facteur technique. Dans un premier temps, ce fut le flop! De l'installation des caméras thermiques annoncées à grand renfort de publicité, et arrivées avec un grand retard, à la sensibilisation médiocre, en passant par la mauvaise communication, le dossier de la grippe A est un véritable fiasco. Les citoyens qui confondent entre grippe porcine et grippe saisonnière est la meilleure des preuves. «Barkat n'arrête pas de nous abreuver de conseils débiles, comme se laver les mains alors que le noeud gordien réside dans la distribution de masques. Pourquoi déplacer l'enjeu de la prévention sur un autre ministère?» s'interrogera Kamel, un écrivain primé. «La France avec son système de santé, un des plus performants au monde, n'a pas pu éviter la pandémie et pourtant ce n'est pas l'eau et la culture hygiénique qui font défaut là-bas», ajoutera-t-il. Avec la multiplication des cas confirmés, les Algériens craignent l'annonce quotidienne de décès. Les hôpitaux peinent à soigner une simple fracture et les UMC d'un centre hospitalo-universitaire, comme celui d'Oran, renseignent amplement sur les capacités de prise en charge. Durant la période précédant le départ des Hadjis à la Mecque, des déclarations fracassantes avaient été faites, assurant que les pèlerins ont été vaccinés. La réalité prouvera que seule une infime partie l'a été et que beaucoup se sont débrouillés les vaccins… de France. L'autre question qui prête à sourire est celle relative aux hôpitaux de référence. «Qu'a-t-on fait pour transformer un hôpital en structure de référence, mis à part le bombarder d'un titre dont il se serait bien passé?» dira encore Kamel. Le problème en Algérie est que «nos ministres donnent l'impression de se contenter de faire des déclarations pour se justifier, non pas par des actions palpables mais pour tromper le Président de la République», ajoutera Kamel qui citera l'exemple du BEF quand Benbouzid avait reçu une volée de bois vert en direct, à Sétif.