Réunis conjointement hier au siège de l'UNPEF à Alger, les deux syndicats influents dans le secteur de l'Education ont décidé de maintenir leur mot d'ordre de grève d'une semaine reconductible, à partir d'aujourd'hui. Cette situation peut faire réagir la Justice qui pourrait décréter illégale la poursuite de la grève. Alors qu'on s'attendait à une baisse de tension, suite aux mesures salariales annoncées par le ministre de l'Education nationale (MEN), voilà que l'école algérienne va de nouveau être sous pression. Encore plus cette fois-ci, car, dans le cas où le mouvement perdure, l'année blanche est quasi-certaine pour les millions d'élèves. Le CNAPEST et l'UNPEF estiment que les mesures annoncées par le département de Benbouzid ne sont pas les seules préoccupations des enseignants et travailleurs du secteur. Une position que partagent les autres syndicats, même s'ils ont opté pour le gel de leur mouvement respectif. Le CNAPEST et l'UNPEF ne l'entendent pas de cette oreille. En effet, alors que le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'Education (SETE) de la wilaya de Bejaia a annoncé, avant-hier en fin de journée, l'annulation de son mouvement de grève de trois jours, estimant que la réponse de la tutelle est satisfaisante, le CNAPEST et l'UNPEF maintiennent le cap. Le SNTE et le SETE se sont montrés prudents vis-à-vis des mesures prises par la tutelle, en déclarant attendre «des éclaircissements sur la nature des nouvelles indemnités ainsi que la position du MEN à l'égard des autres points en suspens», à savoir la révision du statut particulier afin de remédier au dysfonctionnement relatif au reclassement de l'ensemble des catégories, l'approbation des propositions du syndicat concernant le départ à la retraite (25 ans pour les femmes et 28 pour les hommes), en comptant les années du service national, et la promulgation de la loi sur la médecine du travail qui prend en charge les maladies professionnelles dont souffrent les travailleurs du secteur». Si le SETE prévoit déjà des marches de protestation, le SNTE temporisera avant de se concerter sur les voies et moyens pour faire aboutir ses revendications. Ce sont justement ces mêmes revendications qui sont à l'origine du maintien du mot d'ordre de grève pour demain par le CNAPEST et l'UNPEF. Les deux syndicats n'ont pas manqué de dénoncer la médiatisation des salaires, affichés à l'intention de l'opinion publique. Une initiative ministérielle jugée «humiliante». Par ailleurs, et au vu de l'effort considérable consenti par les pouvoirs publics qui se sont traduits par le déblocage d'un budget de 104 milliards de dinars, la Justice pourrait être saisie par la tutelle au sujet de cette grève qui aurait de fortes chances de se voir frappée d'illégalité.