Les cours vont-ils reprendre demain dimanche, comme le laisse espérer l'ultimatum du ministère de l'Education aux enseignants grévistes. Pas si sûr, à en juger par les informations émanant des deux syndicats qui sont à la manœuvre. Ils persistent et signent. «La grève décidée lors de la réunion, les 5 et 6 février, de notre Conseil national est maintenue. Le conseil national est seul habilité à décider de son arrêt ou de sa poursuite. Nous avons demandé aux enseignants de tenir, dès aujourd'hui, des assemblées générales pour décider de la poursuite ou non de la grève après les récentes menaces de notre ministère. Notre bureau national se réunira pour arrêter la date de la tenue d'un conseil national extraordinaire pour débattre des rapports émanant des wilayas et trancher sur la grève. Mais les échos font état du refus des enseignants à reprendre le travail sous la menace. C'est une question de dignité avant tout», a déclaré, avant-hier, Larbi Nouari, le patron du CNAPEST. Face à cette impasse, les partis politiques s'impliquent. Ainsi, les trois partis de la coalition, réunis pour l'occasion, ont lancé jeudi un appel aux enseignants grévistes les invitant à "la reprise immédiate du travail pour préserver le droit des élèves à l'éducation garantie par la Constitution". Les dirigeants des trois partis ont exprimé, dans un communiqué commun, leur «grande préoccupation devant la poursuite de la grève dans le secteur, grève qui menace l'année scolaire en cours". Le communiqué de l'Alliance, faisant référence «aux augmentations» accordées par le gouvernement, estime que «la poursuite de cette situation en dépit des mesures prises par le gouvernement pour améliorer les salaires des enseignants, en application des instructions du président de la République, et malgré les décisions de justice rendues le 1er mars qui ordonnent l'arrêt immédiat de cette grève", est un non-sens. Jouant pour une fois la carte de la solidarité, les membres de l'Alliance ont exprimé leur soutien "au gouvernement pour toutes les mesures qui seront prises pour sauver l'année scolaire de cette année", et ce, dans le souci de préserver "les droits de millions d'élèves qui constituent l'avenir de l'Algérie et en réponse aux aspirations des familles et de la société", a conclu le communiqué. En fait de mesures, il faut rappeler que le ministre de l'Education avait saisi la justice qui avait déclaré illégale la grève, ordonnant par conséquent aux enseignants de reprendre les cours. Il faut cependant noter, a contrario de cette solidarité de façade des FLN, RND, MSP, que Belkhadem avait reçu la semaine dernière les syndicats grévistes les assurant de son soutien du fait que leurs revendications «sont légitimes». Pour sa part, Moussa Touati, qui était jeudi à Oran, a appelé les parents d'élèves à recourir à la justice pour exiger une reprise des cours et "sauver les droits des élèves à la scolarité". Lors d'une conférence de presse, il estimera "nécessaire de recourir à la justice" pour "résoudre ce problème qui hypothèque l'avenir des élèves, si les cours ne reprennent pas dans les plus brefs délais", se disant "indigné" par l'ampleur qu'a pris la grève des enseignants du secteur de l'Education à l'approche des examens. Au lieu de recourir à la grève, qui prend selon lui les élèves en otages, Touati suggère aux syndicats de l'Education de s'en remettre à la justice pour faire valoir leurs droits légitimes" et l'Administration se doit, elle, "d'honorer ses engagements pour améliorer les conditions sociales de cette catégorie de travailleurs de manière concrète au lieu de se contenter de faire dans l'effet d'annonce". Une pierre jetée dans le jardin de Benbouzid.