Un rapport d'une commission d'enquête des services de l'inspection d'Algérie Télécom, à Annaba, a révélé hier, par l'intermédiaire du journal électronique TSA, qu'une connexion d'une extrême gravité a été établie entre Algérie Télécom et les éléments d'Al-Qaïda. TSA évoque «l'octroi de lignes téléphoniques de type GSM à des personnes fictives, la disparition de matériel appartenant à l'entreprise (photocopieur, micro-ordinateur) et des dégrèvements abusifs». Pis, les enquêteurs soulignent que les lignes téléphoniques en question «ont pu facilement donner accès au réseau international et Roaming». En clair, ces individus dont on soupçonne l'appartenance à la nébuleuse Al-Qaïda ont largement profité des communications gratuites pour, peut-être, rester en contact avec la «maison mère». Les enquêteurs ont en outre découvert de faux contrats de cession de lignes téléphoniques, de fausses pièces d'identité, d'état civil et des attestations de domiciliation contenues dans les dossiers des prétendus bénéficiaires. C'est dire que la mystification a été menée par des professionnels. Le rapport cite un certain «Brahim» qui dispose, autant qu'il veut, de documents d'état-civil et de factures Sonelgaz, aux noms de personnes qu'il ne connaît même pas, pour la constitution de faux dossiers de cession de lignes GSM». La commission d'enquête pointe également du doigt le responsable de l'Actel d'Annaba qui imposait «à son personnel majoritairement féminin d'exécuter ses ordres sans commentaire, sous peine de licenciement». «Elles ne pouvaient contester ses ordres, car il les terrorisait, les soumettait à une discipline de soumission et les harcelait même sexuellement. Ce responsable ne respectait aucune hiérarchie et subtilisait du matériel appartenant à l'entreprise», décrivent les trois cadres signataires du rapport d'enquête cité par TSA. Il y a lieu de rappeler que cette scabreuse affaire a éclaté en novembre 2006 quand le directeur d'unité des télécommunications d'Annaba a demandé à ouvrir une enquête au sein de l'agence d'Algérie Télécom d'Annaba. Les enquêteurs avaient alors découvert le pot aux roses : des centaines de lignes téléphoniques fictives. Les services de renseignement de la Sûreté de wilaya démantelaient, quelques semaines après, un réseau d'Al-Qaïda au Maghreb animé par deux étudiants yéménites résidant de longue date en Algérie. Ces derniers utilisaient gracieusement des lignes téléphoniques fixes et mobiles à destination de différents pays du Moyen-Orient, d'Asie, d'Europe et des Amériques. Jusqu'au jour de leur interpellation. Pour les enquêteurs, le parallèle est vite fait : les lignes téléphoniques fictives d'Algérie Télécom profitaient à ces suspects liés à l'étranger. Et cela suffit pour tirer la sonnette d'alarme.