L'ONG des droits de l'Homme, Human Right Watch (HRW), a -une fois n'est pas coutume- distribué de bons points à l'Algérie en matière de condition de «vie» dans les prisons. En visite d'inspection dans deux maisons d'arrêt à Constantine, la délégation composée de trois membres de l'ONG américaine a plutôt apprécié les conditions générales de détention et de la situation des prisonniers. HRW s'est rendue, également, aux sièges de la Sûreté de wilaya et du Groupement de gendarmerie nationale et a visité les lieux de détention provisoire dans ces deux structures de sécurité, réservant un constat positif. Précédemment persona non grata pour ses ingérences, l'ONG a été, cette fois, bien accueillie et a renvoyé l'ascenseur aux autorités en louant les conditions de séjour des détenus à Constantine et dans toute l'Algérie, de façon générale. La délégation a eu des entretiens avec des responsables locaux, à commencer par la visite de la Cour de justice où elle a rencontré le procureur général et le président de la Cour. Les membres de HRW ont, également, discuté de la situation sécuritaire avec le commandant du groupement de la gendarmerie et le chef de Sûreté de wilaya. Tout est nickel à Constantine. Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, qui a lancé l'invitation à HRW, n'a rien laissé au hasard pour récolter un satisfecit. Il faut tout de même reconnaître que la CNCPPDH a fait de la situation déplorable des prisons son abcès de fixation dans le rapport qu'elle avait transmis, fin 2009, au président de la République. Me Ksentini avait repris, quasiment, les mêmes reproches faits auparavant par Amnesty International qui avait pointé du doigt «les mauvais traitements qu'auraient subis plusieurs détenus dans la prison d'El Harrach à Alger». Les autorités voulaient donc jouer la transparence, histoire d'amener les ONG internationales à revoir leur copie sur la situation des prisons en Algérie. Faut-il s'en réjouir pour autant? Pas vraiment. Si les prisonniers ont droit à un traitement qui préserve la dignité humaine, abstraction de leurs méfaits, il ne faudrait pas pour autant leur offrir des conditions de vie qui font saliver d'envie les jeunes des quartiers défavorisés. Faute de quoi, le bouche à oreille sur la «planque» des prisons, transformerait nos cités en Far west. Offrir la télévision, les ordinateurs et autres moyens de distraction que certains ne trouvent pas dans la vie de tous les jours est de nature à encourager la fuite vers…les prisons. Aussi, servir de l'espadon et de la crevette dans ces établissements n'est certainement pas une bonne manière d'inciter les jeunes à détester ce milieu. Bien au contraire. Un détenu est par définition une personne qui doit payer sa dette à la société pour avoir commis un acte répréhensible. A ce titre, les autorités ne devraient pas lui offrir le luxe pour faire plaisir à une ONG. En quittant sa prison, un détenu devrait décider d'une seule chose: ne jamais remettre les pieds dans cet univers fait pour le rébus de la société. Les autorités gagneraient plutôt à mieux soigner- au propre et au figuré- les malades dans les hôpitaux.