Annoncée le 20 avril dernier, lors de la célébration de l'anniversaire du Printemps berbère, l'initiative controversée de création d'un gouvernement provisoire de Kabylie vient d'être mise à exécution par le président du MAK, Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie, Ferhat Mehenni. L'annonce en a été faite, hier, et comme par hasard à Paris. Ce «gouvernement», dirigé par Ferhat Mehenni, comprend neuf ministres inconnus du bataillon des militants. Manipulation ou canular? Dans tous les cas de figure, l'annonce, qui a déjà suscité des réactions de rejet chez la classe politique nationale, reste incompréhensible, voire dangereuse au sein de l'opinion locale de Kabylie. Et ce ne sont pas les arguments trop galvaudés prétextés, pour justifier l'initiative, qui conforteront la stratégie du MAK, un mouvement non reconnu et rejeté, faut-il le souligner. «C'est à croire qu'on est sur une autre planète», commentait hier un citoyen de Bejaia qui doute des vraies motivations de cette situation ambiguë, allant jusqu'à faire part de son inquiétude quant à un avenir serein dans la région. «Né» durant les événements qui avaient secoué la Kabylie, le MAK a suscité divers commentaires qui étaient déjà loin d'être à son avantage. Aujourd'hui encore, le voilà qui enfonce le clou par une initiative qui, non seulement, divise son mouvement mais reste loin de faire partie des aspirations des populations de la région. En effet, cette initiative est critiquée par certains membres de l'organisation en Algérie. Avant-hier, Ahmed Aït Bachir, membre fondateur du MAK, a cosigné avec deux autres militants autonomistes une tribune dans le quotidien El Watan pour dénoncer cette "proclamation intempestive", rapportait hier le quotidien électronique TSA. "La situation en Kabylie n'est pas aussi urgente pour justifier la mise en place d'un pouvoir de fait accompli", commentent en substance les auteurs de l'article qui accusent Ferhat Mehenni de «s'autoproclamer représentant de la Kabylie, de parler en son nom et d'engager son avenir». Mehenni n'en est pas à sa première instrumentalisation de la région kabyle à des fins personnelles. Le boycott de l'école en Kabylie, initié avec ses ex-camarades du MAK, s'est soldé par un désastre pour des centaines de milliers d'élèves de la région. Et les parents ne sont pas près de l'oublier. Sans militants pour le soutenir, ce n'est pas par hasard qu'il bénéficie d'un appui de Paris où il vit et d'où il a lancé son canular. Ferhat été reçu successivement au Quai d'Orsay et à l'Assemblée nationale française. C'est dire d'où vient la proposition.