Le procès en appel des 18 jeunes émeutiers du quartier populaire de Sidi Salem (Annaba), s'est ouvert, dimanche, devant la chambre pénale près la Cour de justice d'Annaba. Les accusés ont été condamnés le 4 juillet dernier en première instance par le tribunal d'El Hadjar , à des peines de 2 à 8 ans de prison ferme pour avoir porté atteinte à l'emblème national et pour avoir brandi le drapeau français, ainsi que pour attroupement illicite, outrage à corps constitués et destruction des biens publics. Ces événements remontent au 19 juin dernier, lors d'une manifestation de revendication de logements sociaux provoquée par les habitants du bidonville “La SAS” implanté en périphérie de Sidi Salem. Les jeunes, qui avaient pris part au mouvement, s'étaient alors transformés en émeutiers et avaient détruit totalement l'antenne de l'APC et certains édifices publics. Ils avaient tenté également de s'attaquer au siège de la sûreté urbaine, allant jusqu'à l'affrontement, au corps à corps, avec les policiers. Devant l'aggravation de la situation et après que les émeutiers eurent entrepris de faire usage d'armes blanches et de cocktails Molotov contre les policiers qui étaient intervenus pour ramener l'ordre. Une foule nombreuse, constituée essentiellement des familles des personnes accusées, était présente à l'audience, dès l'ouverture du palais de justice, alors qu'un imposant dispositif de sécurité était mis en place à l'intérieur et autour de l'édifice, en raison de la tension palpable qui caractérise ce procès. Plusieurs citoyens de la localité de Sidi Salem, qui ont manifesté leur désir de suivre ce procès, ont été refoulés. Seuls les parents des détenus ont pu accéder à la salle d'audience. A l'heure où nous mettons sous presse, les auditions et les plaidoiries se poursuivent toujours. À noter que cette fois, pas moins de 30 avocats ont été appelés à défendre les accusés, dont certains ont nié toute implication dans les manifestations et accusent les services de sécurité de les avoir appréhendés alors qu'ils étaient loin des lieux où les violences ont eu lieu, à l'instar d'un militaire et d'un employé du service de contrôle des véhicules qui assurent qu'ils étaient sur les lieux tout à fait par hasard. Pour certains, il y aurait eu beaucoup de précipitation lors de l'intervention des brigades antiémeutes, ce qui aurait eu pour effet des débordements malheureux et des interpellations aléatoires. Certains affirment que le drapeau algérien a été effectivement brandi mais qu'il n'a jamais été souillé et encore moins brûlé par les manifestants, bien que des documents vidéo aient été remis au ministère public par les enquêteurs. «Nous sommes pauvres mais nous ne sommes pas moins des nationalistes. C'est une accusation gratuite venue d'on ne sait où pour jeter le discrédit sur la population de Sidi Salem et faire oublier sa revendication légitime qui est de sortir du ghetto dans laquelle elle est recluse depuis l'époque coloniale», ont-ils soutenu. Les versions diffèrent aussi sur la culpabilité des jeunes excités qui auraient fait flotter le drapeau français à travers les rues de Sidi Salem. Les familles des prévenus ont demandé la clémence pour leurs enfants, estimant que le verdict est trop lourd, ayant désespéré les concernés au point où 8 d'entre eux ont observé une grève de la faim de 3 jours pour attirer l'attention des plus hautes instances judiciaires du pays sur leur cas.