Le patron du groupe Cevital, Issaad Rebrab, a déclaré, jeudi à Alger, en marge d'une rencontre sur la performance de la distribution et du service après vente et son incidence sur les résultats de l'entreprise, organisée par le cabinet Ernst and Young, que le lobby des importateurs influence les décideurs en Algérie. «Comment expliquez-vous qu'on ait diminué les charges fiscales de 52% pour les importateurs alors que cette réduction n'est que de 22% pour les producteurs?», a-t-il dit à propos des mesures prises récemment par le gouvernement pour faire baisser les prix du sucre et de l'huile. «Le pays est non seulement couvert pour ses besoins en sucre mais il est passé du stade d'importateur à celui d'exportateur», a-t-il précisé même. Il a rappelé que le groupe Cevital va exporter 800.000 tonnes de sucres, soit 100% de plus qu'en 2010. Il a révélé que le groupe trouve des difficultés au niveau du port de Bejaia pour charger les bateaux. «En 2012, on va exporter plus d'un million de tonnes. Cevital a été compétitif dans 28 pays l'année dernière. Nous avons exporté vers l'Italie, la Suisse, l'Espagne, l'Inde, le Sri Lanka et d'autres pays encore. Malheureusement, on nous reproche d'être efficaces!», s'est plaint Issaad Rebrab. «Au lieu d'encourager les entreprises efficaces qui peuvent tirer le pays vers le haut, on nous reproche de faire dans le monopole. Nous n'avons aucun monopole. Nous n'avons pas l'exclusivité de produire ou de distribuer par loi. Il est vrai que nous avons une position dominante. Nous en sommes fiers», a-t-il ajouté. Il a relevé qu'au Maroc, l'ONA domine 65% du marché. «Personne n'a dit à l'ONA qu'elle a le monopole. En Grande-Bretagne, Titan Line domine le marché du sucre. Et, en Europe, il existe trois grands producteurs», a-t-il noté. Les entreprises algériennes doivent, selon lui, défendre l'économie nationale. «Sinon, les multinationales viendront prendre ce marché. Que veut-on? Une entreprise algérienne leader pour défendre ce marché, créer des emplois mais aussi se bagarrer sur le marché international pour pouvoir être compétitif. Pour cela, il faut avoir la taille critique, le management adéquat, les choix technologiques et la formation. Aujourd'hui, il n'y a plus de place pour les plus faibles. Aussi, doit-on avoir de grandes entreprises», a-t-il analysé. Il a reproché l'absence de débat sur les choix économiques. «Ceux qui prennent les décisions ne connaissent pas la réalité du terrain», a-t-il regretté.