Décidemment les responsables français ont du mal à digérer l'indépendance des Etats de l'Afrique du Nord, plus particulièrement l'Algérie. Les déclarations des hauts responsables au pouvoir et dans l'opposition trahissent inéluctablement une nostalgie dont ils ne peuvent plus se détacher. Après la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot- Marie, c'est au tour de l'ex-candidate à la précédente présidentielle française de se prononcer sur la situation au Maghreb. Ségolène Royal, adversaire socialiste de Nicolas Sarkozy en 2007 et candidate aux primaires de son parti pour la présidentielle de 2012, a invité dimanche dernier le pouvoir algérien à «organiser sa propre succession». « Il est évident aujourd'hui que l'Algérie doit organiser sa succession et il faut que ceux qui sont en place fassent preuve de sagesse, prennent la mesure, l'importance et la gravité de la situation et s'en sortent par le haut en accompagnant la ‘transition démocratique'», a-t-elle déclaré selon le quotidien TSA. Ségolène Royal a prévenu, dans la foulée, que «cela suppose de ne pas agir trop tard». Pour elle, il est évident qu'il y a en Algérie «des problèmes de libertés publiques», des «problèmes de liberté d'expression, un problème de liberté de constitution d'autres forces politiques, un problème d'échéances électorales». L'invité du «Grand jury» RTL/LCI/Le Figaro s'est interrogée «pourquoi le peuple algérien souffre-t-il de pauvreté, de précarité alors qu'il y a tant de richesses?», avant d'insister: «C'est une véritable mutation économique et politique que le gouvernement algérien doit enclencher.» «On sait bien que, petit à petit, l'absence d'opposition, de contre-pouvoirs, c'est une vérité universelle en démocratie, (conduit) toute personne qui a du pouvoir à en abuser (...), c'est ce qu'on voit aujourd'hui se dérouler dans ces pays», a ajouté Mme Royal. A la question de savoir si le gouvernement français devait exprimer cette opinion, elle a répondu: «Ce qui est toujours préférable, ce sont des transitions démocratiques et pacifiques. Tout dirigeant doit organiser sa succession.» L'Algérie a toujours entretenu des relations difficiles avec le Parti Socialiste (PS), dont les positions aux plus durs moments de la vie politique en Algérie n'ont pas été à la hauteur des attentes des Algériens. Les déclarations de Ségolène Royal ne vont pas contribuer à améliorer le climat de méfiance entre les deux parties et attestent même que finalement la position des socialistes n'a pas trop évolué par rapport aux années 90. La réaction de Ségolène Royal, un des premiers d'un haut responsable de l'opposition française, depuis les émeutes qui ont secoué l'Algérie entre le 6 et le 10 janvier, s'ajoutent à la manière insidieuse du traitement des médias français réservé aux événements de janvier dernier pour illustrer une démarche français qui n'y pas pour favoriser des relations bilatérales moins tendues. Intervenant à la veille d'une seconde visite du Jean-Pierre Raffarin, la sortie du la chef de fil de l'opposition en France n'arrangera certainement pas la situation relationnelle entre Alger et Paris.