Depuis quelques semaines, la qualité de l'eau distribuée par l'ADE laisse à désirer à Sidi Bel-Abbès et les citoyens sont de plus en nombreux à s'inquiéter de la coloration ocre et du goût légèrement saumâtre qu'aurait souvent tendance à prendre l'eau coulant des robinets. Sans pour autant émettre des doutes quant à sa relative potabilité, ce qui serait un précédent grave pour l'organisme de distribution, ils ne s'empêcheront pas cependant de s'interroger sur les réelles qualités organoleptiques que renferme ce précieux liquide livré à la consommation humaine à partir des champs captant du Sud de la ville de Sidi Bel-Abbès ou du barrage de Sidi Abdelli dans la wilaya de Tlemcen. «L'eau est devenue pratiquement imbuvable dans la plupart des quartiers de la ville. Cette situation a fini par contraindre nombre d'entre-nous à acheter de l'eau minérale ou, pour ceux possédant des véhicules, à faire le plein de jerricans au niveau des quelques sources et puits non taris des localités alentours», se désole un jeune habitant du faubourg Sidi Djillali qui se dit être préoccupé beaucoup plus de la santé de son vieux père souffrant d'une maladie urinaire. D'autres citoyens abonderont dans le même sens en ne s'expliquant pas ce pourquoi, fait paradoxal s'il en est, «l'unité locale de l'ADE n'arrive plus aujourd'hui à offrir un produit de qualité comme elle le faisait par le passé, même en période de sécheresse…» «Le fait est d'autant plus incompréhensible, fait observer un technicien bien au fait de la chose hydraulique, que cet organisme public est le premier de sa filière, à travers le territoire national, à avoir doté son laboratoire central d'analyses d'un «spectrophotomètre d'absorption atomique» en mesure de réaliser un large panel d'analyses, notamment physico-chimiques et bactériologiques, en y intégrant le calcul d'une série de paramètres garantissant une fiabilité jamais égalée auparavant avec les anciens appareils de laboratoires (…) Se composant d'une configuration matérielle et logicielle complète, le nouveau système se révélait, au moment de son acquisition, comme la solution la mieux indiquée pour assurer une qualité de l'eau toujours meilleure et permettre à la population locale de se prémunir contre certains dangers liés à une pollution éventuelle de l'eau ainsi que la perte ou le surdosage de l'une de ses composantes» a-t-on soutenu au moment de son acquisition il y a deux ans. Pour notre interlocuteur, le problème ne peut se situer au niveau de ce laboratoire, encore moins à celui des nouveaux réservoirs d'eau potable de la ville qui sont équipés d'un système complet de télégestion qui permet aux agents de l'ADE de disposer en temps réel d'un certain nombre de paramètres essentiels - parmi lesquels le taux de chlore qui risque de poser à terme un véritable problème de santé publique – et d'agir en conséquence en cas de survenue d'un disfonctionnement ou d'un déséquilibre quelconque dans la composition de l'eau distribuée. La solution idéale résiderait, selon lui, comme c'est le cas de nos jours dans la plupart des pays occidentaux, dans la substitution progressive du chlore par l'ozone dans les réseaux d'alimentation en eau potable qui lui garantit une qualité optimale et présente des avantages non négligeables pour la santé humaine et la protection de l'environnement. Cet avis est également partagé par des chercheurs de l'université Djillali Liabès, dont l'un d'eux, le docteur Amar Tilmatine, est l'inventeur d'un procédé révolutionnaire de traitement de l'eau par l'ozone validé par l'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (ANVREDET). Maintenant que la qualité de l'eau est au centre d'une grande controverse à Sidi Bel-Abbès, qu'attendent les responsables de l'unité locale de l'ADE pour faire appel aux chercheurs universitaires et administrer ainsi la preuve qu'en Algérie, la notion de recherche-développement n'est pas une simple vue de l'esprit chez nos décideurs.