La grogne est toujours de mise à l'université algérienne. Les vacances scolaires du printemps n'ont pas servi à calmer les esprits, bien au contraire elles ont davantage permis aux étudiants de revenir en force pour poursuivre la contestation. Les débats, portant passerelles et correspondances entre les deux systèmes, classique et LMD, sanctionnés par une série de mesures lors de la Conférence nationale de l'USTHB, n'ont pas été d'un grand secours pour la tutelle. Les recommandations et autres déclarations officielles du 27 mars dernier n'ont fait qu'envenimer les choses. Mécontents donc des résultats de cette conférence, perçue par la communauté estudiantine comme étant “la solution à toutes les contraintes pédagogiques”, les étudiants de la plupart des établissements du Supérieur ont opté pour la poursuite du débrayage. Dans les facultés, universités et autres écoles, les assemblées générales se sont déroulées dans une ambiance électrique et une cacophonie totale, rapporte-t-on. Alors qu'on pensait qu'il suffisait d'annuler le décret 10-315, objet de la discorde, pour que la grogne s'estompe, voilà que ce sont de nouveaux rebondissements qui voient le jour. Les étudiants disent ne pas craindre pour leur avenir puisque c'est justement ce dernier qui se joue à travers les revendications présentées au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. A Tizi-Ouzou, Bejaia, Alger, Oran, la situation n'est guère différente de celle que connaît la majorité des universités algériennes. Plusieurs départements de ces universités n'ont pas repris, hier, les cours après les vacances de printemps. Le mouvement de grève, enclenché depuis plus de trois semaines, à l'échelle de toutes les universités algériennes, ne s'estompe pas malgré la tenue des conférences régionales ainsi que la conférence nationale du 27 mars dernier, dans le but de débattre des questions posées par les étudiants dont celle de l'équivalence entre les deux systèmes qui cohabitent en ce moment. Un peu partout, les étudiants ont dénoncé justement ces conférences, selon certaines déclarations de représentants d'étudiants approchés hier. Montrant leur désapprobation concernant la démarche de leur tutelle et dénonçant un simulacre de dialogue entamé avec de «faux représentants d'étudiants». Les membres de comités estudiantins ont, à ce sujet, relevé la présence de «délégués» ayant représenté l'université de Tizi-Ouzou mais qui n'ont «aucune relation avec l'institution». Cette démarche prouve, selon nos interlocuteurs, l'absence d'une «volonté réelle» de trouver des solutions aux problèmes posés par la communauté universitaire. Hier encore, les examens prévus à la faculté des sciences juridiques n'ont pas eu lieu. Des étudiants ont décidé de boycotter la session pour rejoindre les activités de la coordination locale alors que d'autres étaient plutôt pour le maintien des examens prévus pour hier. Même topo pour les étudiants en chirurgie dentaire. Ces derniers continuent leur mouvement de grève enclenché pour le rétablissement du titre de docteur en chirurgie dentaire, «suspendu arbitrairement à partir de 2007» de même que leurs camarades pharmaciens qui revendiquent, entre autres, la réhabilitation du titre honorifique de docteur en pharmacie ainsi que leur classement dans la catégorie 16 sur la grille indiciaire de la Fonction publique. A noter que la Coordination nationale des étudiants a appelé l'ensemble des étudiants à une marche pacifique qui aura lieu le 12 avril à Alger.