Sid Ahmed Ghozali, ancien chef du gouvernement, dit ne pas comprendre « l'approche du changement en amendant les lois ». « Dire que les lois sont mauvaises, c'est faux, elles sont plutôt non appliquées », martèle-t-il à la Chaîne lll de la Radio nationale en guise de position vis-à-vis des consultations entamées par la commission sur les réformes que préside Abdelkader Bensalah. L'ancien chef du gouvernement admet dès le départ que « le diagnostic est mal posé, donc le remède ne peut être bon », insistant sur le respect des lois de la République. S'estimant une personnalité publique exclu du système, il dit répondre à cette invitation par correction et par devoir national afin d'apporter sa contribution pour l'avenir du pays « sans complaisance ni dogmatisme ». Il relève que « ceux qui font des lois sont les premiers à les bafouer », jugeant plus judicieux de respecter notre système institutionnel. « La Constitution actuelle, je ne l'aime pas, mais elle est là et nous nous devons de la respecter », précise l'orateur. Il se dit opposé à la démarche des réformes telles qu'elles sont préconisées dans l'ordre établi admettant que si l'on va vers des réformes, il faut commencer par la Constitution, sans pour autant manquer d'admettre qu'il vaut mieux avoir une mauvaise Constitution appliquée qu'une Constitution idéale qu'on n'appliquera pas”. Pour cet ancien ministre des Finances, il ne faut pas faire dans l'aléatoire et se contenter de réformes mais il faut s'assurer de leur aboutissement. Il estime que ce qu'on tente de faire est déjà fait en 1989. Citant l'exemple de l'après octobre 88, il rappelle que « pour finir avec le parti unique, le pouvoir a changé la Constitution pour instaurer le multipartisme et promulguer des lois afin d'agréer des partis ». Quelques années plus tard, son parti (le FD, front démocratique), pour ne citer que cela, est agrée de fait par la loi « mais interdit par le gouvernement », déplore-t-il. S'agissant des propositions qu'il préconise, Ghozali suggère qu'il faut faire d'abord « un bon diagnostic » et pour ce faire, il faut se retourner, de son avis, vers la société et chercher des réponses aux exigences de la population, laissant entendre que la classe politique ne peut rien apporter face aux émeutes et autres maux sociaux. « Je n'ai rien à donner moi, en tant que personne », insiste-t-il. « Les gens veulent s'associer dans le cadre du mouvement civil, ils veulent marcher pourquoi les en empêche-t-on », s'exclame-t-il ajoutant qu'il faut partir dans l'ordre par les besoins des gens, en majorité jeunes que de se retrouver obligé à faire des réformes dans le désordre. Plus critique, Ghozali reproche qu'en Algérie on n'a jamais respecté la devise du pays: « Par le peuple et pour le peuple ». « Depuis l'indépendance, y a-t-il quelque chose faite par le peuple ? » s'est-il demandé et de répondre : « Jamais rien ! ». Il dit l'avoir, de tous temps, signalé haut et fort rappelant l'avoir dit ouvertement devant une assemblée, il y a 20 ans, en assurant qu'elle n'émane pas de la volonté du peuple. Il considère que « le peuple a longtemps perdu la confiance du gouvernement et vice-versa. « C'est un impossible de gouverner sans la confiance du peuple », a-t-il jugé d'où l'urgence à réconcilier gouvernants et gouvernés ». Pour le changement dans l'ordre il préconise de remettre d'abord en cause le système, selon lui, pas bon, et rentrer ensuite dans la voie menant à l'Etat de droit. Lequel Etat qu'on ne peut, dit-il, pas installer par décret mais c'est un ensemble d'accumulations de comportements, de pratiques et de culture démocratique.