Entre la profondeur de la problématique posée par l'ancien Chef du gouvernement, Ahmed Ghozali et les remarques du chef du MSP, d'ordre purement pratique, quant à la hiérarchisation des priorités, le fossé est grand. L'ancien Chef du gouvernement et président du Front démocratique (FD) non agréé, Sid-Ahmed Ghozali, n'est pas convaincu de la justesse de la démarche avec laquelle sont entreprises les réformes politiques et de la fiabilité des audiences de la commission présidée par Bensalah. Car, selon lui, il ne s'agit pas seulement du changement des lois, notamment de la Constitution, mais du respect de ces mêmes lois. “Ces lois ne sont pas respectées dans leur contenu depuis des décennies”, a-t-il déclaré, à sa sortie de l'audience avec Bensalah. M. Ghozali a, par ailleurs, mis en exergue l'ambivalence entre le pouvoir réel et le pouvoir caché et ne cache pas ses doutes sur les objectifs de ces consultations. S'est-il à ce sujet demandé si le but de cette démarche n'est pas de “légaliser” ce qui était depuis des années interdit illégalement. Sans faire de propositions, l'ancien DG de Sonatrach, a insisté, cependant, sur la nécessité de tenir compte des préoccupations des citoyens afin d'éviter “l'explosion”. Implicitement, il a déploré l'absence d'un diagnostic de la situation avant l'entame des consultations. Car, a-t-il expliqué à l'issue de ses discussions avec les membres de la commission, le problème n'est pas dans les lois. Il est dans l'application de ces lois. “Ce que je reproche au pouvoir actuel est le fait de ne pas respecter la loi. On ne s'est pas donné l'occasion d'appliquer les lois, de connaître leurs faiblesses”, a-t-il déclaré. Sans détour, il a qualifié ces audiences de “manœuvres” du pouvoir dans le but de “priver les Algériens de leurs droits de manière légale après l'avoir fait de manière illégale depuis quelque temps”. Dans le pur discours d'opposant qu'on lui connaît, Sid-Ahmed Ghozali propose pour régler le problème l'ajout d'un simple article dans la Constitution obligeant à son respect. “Je leur ai dit qu'il y a un pas de géant à faire : le respect de la loi en ajoutant un article à la Constitution : cette Constitution doit être respectée”, dit-il. Il situe, enfin, l'origine de la crise que traverse le pays dans le “système”. Non pas dans les textes qui ne sont, de toute manière, pas respectés, pas appliqués pour en connaître “les faiblesses”. Reçu dans l'après-midi d'hier, Abou Djerra Soltani, président du MSP, parti membre de l'Alliance présidentielle, a déclaré avoir mis en priorité la nécessité de commencer par la révision de la Constitution de laquelle découlera la révision des autres lois (loi électorale, loi sur les partis, code de wilaya…). “Parce que la Constitution est la base de toutes les autres lois”, a-t-il expliqué. Il a, par ailleurs, plaidé en faveur d'un régime parlementaire. Sous condition d'élections transparentes et crédibles. Depuis quelques semaines, Soltani fait monter les enchères en prenant ses distances avec ses partenaires de l'Alliance présidentielle, en réclamant la dissolution du gouvernement après avoir clairement reconnu son échec et son inefficacité. A-t-il depuis revu ses ambitions à la hausse en visant la présidence ? Ainsi, le MSP, habitué au soutien du candidat du système, se détache nettement de ses positions et se prépare à la campagne de 2014. Avant-hier, la commission Bensalah a reçu le président d'El-Islah, Djamel Benabdeslam, ainsi que Mohamed Saïd, malheureux candidat à l'élection présidentielle de 2009 et président du PLJ, parti en attente d'un agrément. Le premier a abordé les mécanismes pour mener à bien les consultations, alors que le second est pour des solutions radicales.