C'est chose faite! L'ancien président Hosni Moubarak et deux autres anciens responsables égyptiens ont été condamnés hier à une amende de 90,6 millions de dollars pour avoir suspendu internet et le réseau de téléphone mobile pendant les manifestations de janvier. Le tribunal administratif a condamné Moubarak à une amende de 200 millions de livres, l'ancien Premier ministre Ahmed Nazif à 40 millions de livres et l'ancien ministre de l'Intérieur Habib al Adly à 300 millions de livres pour atteinte à l'économie nationale, dit-on de même source. Il s'agit du premier jugement rendu contre Moubarak depuis qu'il a été renversé le 11 février. L'ancien raïs doit encore répondre d'accusations plus graves, notamment d'avoir ordonné de tuer des manifestants, ce qui est passible de la peine de mort. Pour le politologue Nabil Abdel Fattah, ce jugement constituera “un tournant” pour “certaines entités égyptiennes qui vivent toujours dans une culture autoritaire concernant le traitement des services de communication et des libertés qu'ils offrent”. Le soulèvement qui, en 18 jours, a contraint Moubarak à abandonner le pouvoir, s'est en grande partie propagé grâce à internet et à des groupes opérant sur Facebook. Vodafone avait expliqué en janvier que, tout comme les autres opérateurs de téléphonie, il n'avait d'autre choix que d'obéir à l'ordre des autorités de suspendre ses services dans certaines régions du pays. En février, Vodafone avait aussi accusé les autorités de se servir de son réseau pour adresser des messages pro-gouvernementaux à ses abonnés. Le ministre des Communications et de la Technologie, Magued Osman, a déclaré que son ministère avait l'intention de verser une indemnisation estimée à une centaine de millions de livres aux opérateurs de téléphonie mobile pour les pertes causées par la suspension du service, rapporte l'agence officielle Mena en précisant que la somme a été calculée par des instances indépendantes. Le parquet égyptien a par ailleurs inculpé samedi l'ancien ministre de l'Information Anas el Fekky pour avoir privé l'Union de radio-télévision (RTU) d'environ 1,9 million de dollars de revenus en exemptant des stations de télévision privées de redevances pour la retransmission en direct de matches de football pendant la saison 2009-2010 et au début de la saison 2010-2011. Selon l'acte d'inculpation, Fekky a agi de la sorte “par intérêt personnel pour tenter d'imposer son contrôle et sa politique à ces stations”, alors qu'à l'époque la RTU était endettée à hauteur de 14 milliards de livres (2,4 milliards de dollars).