L'armée égyptienne maintient le cap dans sa volonté de satisfaire les revendications de la révolution. Dans son «communiqué numéro 5» rendu public hier, le Conseil suprême égyptien des forces armées, en charge de la gestion du pays depuis la chute du président Hosni Moubarak, a annoncé la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution, qui sera amendée après la création d'une commission et l'organisation d'un référendum ad hoc. L'instance suprême à qui le raïs déchu avait confié vendredi dernier la gestion des affaires de l'Etat, a proclamé de six mois la période de transition politique «ou jusqu'à la fin des élections législatives et pour la présidence de la République». Lors de la première réunion de son gouvernement, le Premier ministre reconduit, Ahmad Chafik, a assuré que la sécurité était la première priorité de son équipe. «Restaurer la sécurité et faciliter la vie quotidienne de la population», a déclaré M. Chafik au cours d'une conférence de presse. La coalition pour le changement, rassemblant les groupes de l'opposition et de jeunesse à l'origine du soulèvement, dont les revendications sont, quasiment, satisfaites, a annoncé l'arrêt de l'occupation permanente de la place Tahrir. Tout en appelant les manifestants à y revenir chaque semaine, après la grande prière du vendredi pour faire le point. Pour ce qui est de l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, qui se trouve toujours dans la station balnéaire de Charm el-cheikh, et dont la fortune familiale est estimée à plus de 40 milliards de dollars, il fait l'objet depuis sa chute de mesures internationales visant à geler ses avoirs dans les banques étrangères. Après la Suisse qui a décidé vendredi dernier de geler «avec effet immédiat» son argent qu'il pourrait détenir avec son entourage, dans la Confédération, hier c'était au tour de la Grande-Bretagne de se mettre de la partie. Le ministre britannique du Commerce, Vince Cable, a estimé que les éventuels avoirs à l'étranger du président égyptien déchu devaient faire l'objet d'une «action internationale concertée». En Egypte, ce sont plutôt les proches du raïs qui sont concernés. Le Conseil suprême des forces armées qui entend assainir le paysage politique s'en prend déjà aux principaux hommes de main de Moubarak. Notamment ceux réclamés par les manifestants. L'ancien Premier ministre égyptien Ahmad Nazif et l'actuel ministre de l'Information Anas el-Fekki ont été interdits, samedi dernier, de quitter le pays sur instruction du procureur de la République. Le procureur a également décidé de geler les avoirs de l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, ainsi que ceux de sa famille à la suite de plaintes concernant le transfert de plus de quatre millions de livres égyptiennes (environ 660.000 dollars) d'une société de construction vers son compte personnel. Le 3 février, le Premier ministre égyptien Ahmed Chafik avait annoncé que l'ancien ministre de l'Intérieur, dont le départ avait été réclamé avec insistance par les manifestants, allait faire l'objet d'une enquête. D'anciens ministres et responsables égyptiens, dont Habib el-Adli et le magnat de l'acier Ahmad Ezz, avaient été interdits de quitter l'Egypte et leurs comptes ont été gelés, sur décision du parquet général. Hier encore, plus de 1000 policiers, dont l'attitude lors des manifestations a été très critiquée, ont défilé devant le siège du ministère de l'Intérieur, provoquant des incidents avec l'armée. Ils revendiquent des hausses de salaires et l'exécution de leur ancien ministre, Habib el-Adli, révoqué fin janvier sous la pression de la rue.