Selon des sources proches du service des urgences de l'hôpital d'Oran, il a été enregistré, depuis le début de cette année et jusqu'au mois de juillet, une centaine de cas de violence contre les femmes. Il s'agit-là, selon les mêmes sources, de femmes mariées battues par leurs époux et dont l'âge varie entre 18 et 50 ans. Signalons que la majorité de ces femmes, ayant subi ce genre de violence, résident au niveau de quartiers populaires ou dans des bidonvilles. 57, parmi ces femmes violentées, ont déposé plainte auprès des services sécuritaires après être passées au service de médecine légale afin de bénéficier d'une expertise médicale. Toujours selon les mêmes sources, on apprendra que les violences subies par les femmes ont augmenté. Ajoutons, également, que les coups assénés peuvent causer des cicatrices indélébiles ou même faire perdre la vie. Le cas le plus récent étant celui de cette épouse résidant au niveau de Hassi Ben Okba dont le mari a asséné plusieurs coups de couteau au niveau du thorax. Evacuée en urgence, la malheureuse a succombé à ses blessures. Par ailleurs, nous confiera cette même source, ce n'est pas dans tous les cas que ces femmes déposent plainte. La majorité préfère se taire et subir silencieusement les violences du mâle. Ces dernières ne manquent pas de courage mais ont peur de se retrouver dans la rue avec leurs enfants, surtout celles qui n'ont personne pour venir à leur secours. «Mieux vaut, vous diront-elles, subir les foudres d'un mari violent et assurer le gîte à mes enfants, que de me retrouver dans la rue». De son côté, le service de médecine légale a affirmé avoir eu à ausculter, depuis le début de l'année, 57 femmes ayant subi des violences conjugales. Quant au psychologue de ce service, il expliquera que le service reçoit les femmes ayant subi des violences conjugales pour bénéficier d'une expertise médicale, après que ces femmes ont déposé plainte devant les éléments de la police ou ceux de la gendarmerie. Suite à quoi, elles sont reçues afin de déterminer le taux d'incapacité. Et lorsque la nécessité s'impose, face à certains chocs psychologiques, la prise en charge s'impose. Par ailleurs, et selon ces mêmes sources du service de médecine légale, les causes de ce genre de violence sont différentes. La première porte sur les problèmes financiers. Lorsque la femme travaille, le mari veut gérer sa paie. Une chose que refuse cette dernière. Quant à la deuxième cause, elle intervient chez les couples où l'époux est toxicomane. Dans ces cas-là, la vie devient plus qu'infernale et la violence qui s'abat sur l'épouse est, dans bien des cas, sans merci. Cette même source nous précise également que ce genre de situation touche non seulement les épouses mais également les enfants. Les exemples ne manquent. C'est le cas de cette femme battue par l'époux pour avoir refusé de lui donner de l'argent. B.A. âgée de 35 ans, mère de quatre enfants, habitant à Haï Akid Lotfi, et travaillant au niveau d'une recette des impôts, affirme que son mari travaillait au niveau du port d'Oran mais, s'adonnant aux jeux de hasard et à la boisson, il a perdu son emploi. A partir de là, commenceront les problèmes. «Sans ressources, il me battait pour me prendre mon argent» dira la mère de famille qui ajoutera :«Face à mon refus, et pour me forcer à lui donner l'argent qu'il voulait, il s'en prenait aux enfants». C'est aussi le cas de cette jeune femme frappée par le mari qui voulait la faire avorter… Elle a à peine 23 ans et réside au niveau du quartier Aïn El Beida. «J'étais enceinte, à mon quatrième mois, confiera la malheureuse. Mais au lieu de vivre le bonheur des femmes enceintes, je fus battue violement par mon mari qui refusait cette grossesse, vu qu'on n'avait pas encore de logement fixe. Pour un rien, il s'acharnait contre moi me donnant des coups de pied au bas ventre. Ce qui me provoquera une hémorragie de même qu'une fracture au niveau du bras. Suite à quoi, je fus hospitalisée». Ces cas ne sont pas exceptionnels, d'autres femmes vivent le même calvaire. Elles se taisent car elles ont peur des regards de la société.