Dans son dernier ouvrage, ?Le Caire qui bat?, publi? ? Paris aux Editions Michalon, l??crivain Abdelkader Djema? nous ram?ne de son s?jour dans la grande m?gapole du Caire, la capitale d?Oum Eddounia, un r?cit palpitant gorg? de sons et de couleurs. ?Le Caire qui bat? est un carnet de voyage ?maill? d?abondantes r?f?rences sociologiques et historiques sur la soci?t? ?gyptienne, dans lequel l?auteur nous entra?ne au c?ur de la plus grande ville d?Orient pour nous d?voiler les contrastes et les myst?res d?une cit? d?histoire et de culture mais surtout une ville tentaculaire, tr?pidante que l?on ?entend de loin remuer, bruire, siffler? avec ses quatre-vingt bidonvilles o? l?exode rural a pouss? les sans-logis ? squatter les n?cropoles et les ?paves du Nil et pousser des cohortes d?enfants ? dormir dans les rues, et avec ses nouvelles cit?s aux noms anglo-saxons qui surgissent aux portes du d?sert. Avec un remarquable sens de l?observation, Djema? va saisir l??me et les fr?missements d?une m?gapole surpeupl?e, cosmopolite et pleine de paradoxes, ? travers ses rues encombr?es, o? les charrettes surcharg?es c?toient les limousines dans un ?trange tohu-bohu o? le vacarme des klaxons se m?le aux fr?quents appels des muezzins et de la voix plaintive de l??ternelle Oum Kelsoum. Ses d?ambulations d?buteront de la bruyante rue Rams?s, ?l?une des plus empoisonn?es de la plan?te?, pour nous conduire dans les quartiers hupp?s de Ataba, Doki ou H?liopolis, en passant par les fumeries du quartier Batneyya, le souk bourdonnant de Kh?n el Khalili, le caf? Fichaoui, rendez-vous des intellectuels, l?universit? El Azhar, les Pyramides jusqu?au mus?e des Antiquit?s qui regorgent de richesses arch?ologiques. Dans cette visite guid?e, le lecteur est convi? ? fouler tant?t les d?dales des rues infernales de cette ville de ?la tr?pidation, de la d?mesure, de la vie envers et contre tous?, tant?t l?int?rieur feutr?e des palaces qui suintent encore de la pr?sence d?illustres personnages qui y ont s?journ?. On y croisera les ombres fugaces de William Faulkner, Winston Churchill, Chaplin ou Gary Cooper. Mais la d?couverte de la ville va d?clencher ?galement des r?miniscences. Des souvenirs lointains de la ville natale, Oran, vont resurgir comme les ?lancements d?une blessure profonde. Car pour l?auteur et tous les Alg?riens de sa g?n?ration, El Qahira est in?luctablement associ?e aux souvenirs d?enfance dans un pays en guerre lorsque l??mission La voix de l?Alg?rie, ?cout?e discr?tement par les parents, venait apporter l?espoir et le r?confort ? un peuple en lutte ou rappelle l?adolescence berc?e par les m?lodies langoureuses du rossignol brun Abdelhalim Hafez ? l??poque o? des contingents d?enseignants ?gyptiens d?barquaient dans la ville. Le texte est accompagn? de belles photographies que signe Philippe Dupuich qui a choisi de saisir, dans les images de la nuit sur le Nil, de l?atmosph?re discr?te des palaces qui pr?te ? la r?verie ou le silence des poissons, les rares instants de s?r?nit? d?une ville turbulente qui ?ressemble ? une mer agit?e?. Abdelkader Djema? nous livre l? un ouvrage agr?able ? lire, un livre plein de vie comme un coeur qui bat.