C'est un choc profond ! Le 11 décembre, le journaliste algéro-britannique Mohamed Tamalt, correspondant du journal algérien El Khabar à Londres, est décédé en détention à Alger. Il y avait été incarcéré le 27 juin dernier. Le 4 juillet, le tribunal de Sidi M'ahmed l'a condamné à une peine de deux ans de prison ferme et 200.000 dinars d'amende sur la base des articles 144bis et 146 du code pénal, pour « outrage à corps constitué » et « atteinte à la personne du Président ». Son tort ? Avoir insulté le président algérien M. Abdelaziz Bouteflika via des vidéos et poèmes diffusés sur internet. Ce journaliste, qui vivait au Royaume-Uni depuis 2002, y avait créé le journal en ligne Assiyak Alarabi (Contexte arabe). Critique à l'égard des autorités algériennes, le journaliste exprimait sur son blog ses opinions politiques et diffusait informations et commentaires à caractère provocateur. Après son incarcération, Tamalt a entamé une grève de la faim pour protester contre son incarcération. Diabétique, son état de santé s'était très gravement détérioré ces dernières semaines. « Cette nouvelle est un véritable coup de massue pour tous ceux qui défendent la liberté d'informer en Algérie, déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières (RSF). Le message envoyé par cet évènement tragique est terrifiant : comment expliquer qu'on ait laissé l'état de santé de Tamalt se détériorer sans rien faire ? Comme l'ont souligné RSF et d'autres organisations de défense des droits humains, pourquoi une telle condamnation pour des propos exprimés sur Facebook, qui ne mettaient concrètement personne en danger ? Il est urgent de permettre aux avocats d'accéder au dossier médical du journaliste. Des excuses publiques devraient également être présentées à la famille du journaliste et une enquête doit être immédiatement ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire ». « Il faut que les responsables soient poursuivis, déclare à RSF Me Amine Sidhoum, avocat de Tamalt. Le frère du défunt explique que Mohamed aurait été victime de coups à la tête. Nous envisageons avec la famille une demande de contre-expertise médicale, sachant que nous avons déjà déposé une plainte pour mauvais traitements auprès du procureur de la république, sans résultats satisfaisants pour le moment ». Les journalistes algériens continuent de pâtir de l'application abusive du code pénal, utilisé systématiquement pour toute information diffusée et qui critique le pouvoir en place. Les pratiques répressives de la justice sont contraires à la Constitution algérienne promulguée le 6 mars dernier et aux engagements internationaux de l'Algérie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). L'Algérie est 129ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.