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L'écrivain Jean Lamore déplore le parti pris de la France dans le conflit du Sahara occidental
Publié dans Algérie Presse Service le 08 - 01 - 2011

L'écrivain-journaliste américain Jean Lamore a déploré samedi le silence entretenu par la France autour de la question du Sahara occidental,
exprimant sa crainte qu'une reprise de la lutte armée par le peuple sahraoui ne soit la seule issue au conflit. Dans un entretien à l'APS, M. Lamore a affirmé que le silence entretenu par la France, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, sur le conflit du Sahara occidental "n'a rien de surprenant", le gouvernement français n'ayant "aucune intention d'intervenir sur cette question pour trouver une solution acceptable".
"Je regrette de dire que la reprise de la lutte armée par le peuple sahraoui risque d'être le seul facteur qui puisse amener le Maroc et la France à envisager une réelle solution à ce conflit", a-t-il dit à ce propos.
"L'ex-ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, n'a-t-il pas dit que le peuple sahraoui n'existait pas. Quant à l'ancien président Jacques Chirac, n'a-t-il pas déclaré que le Sahara Occidental était une province méridionale du Maroc", a rappelé M. Lamore pour illustrer le parti pris de la France.
Il a souligné, aussi, qu'"après avoir participé directement au conflit armé en bombardant le Front Polisario au profit du Maroc, Paris a toujours ouvertement cautionné l'occupation illégale du Sahara par le Maroc", estimant que la position de la France est "indigne d'une grande démocratie".
"Se privant de tout contact avec le Front Polisario et le peuple sahraoui, Paris a, de fait, un regard asymétrique sur la question", a indiqué l'écrivain-journaliste, relevant que cette vision "dissonante" ne permet pas une juste appréciation de la réalité sur le terrain. "Quelque part, nous retournons au 19ème siècle, à l'époque où la carte de l'Afrique se dessinait en Europe. S'accrochant à son passé colonial, la France continue à vouloir dicter sa ligne politique et à agir à fond sur une question qui ne la concerne pas directement", a observé ce journaliste qui soutient la cause sahraouie.
Sur la nature des relations qui la lient au Maroc, il a constaté que la France entretient des relations économiques "très importantes" avec son allié marocain et qu'elle a un "passé riche en ingérences dans cette zone", estimant, par ailleurs, qu'elle "n'a jamais vraiment digéré l'indépendance de l'Algérie". Il a réfuté, en outre, les arguments marocains repris par le cabinet de l'Elysée et même par le Département d'Etat américain, qui "ne sont plus, a-t-il dit, acceptable au 21ème siècle".
"On entend que le Maroc aurait si massivement investi dans les infrastructures au Sahara occidental, que ce territoire illégalement occupé lui reviendrait de facto. C'était, également, l'argument de base des anciens pays colonisateurs en Afrique et cela n'a pas empêché les colonisés d'accéder à l'indépendance", a souligné M. Lamore, affirmant que "l'Etat sahraoui existe déjà" et qu'il est "parfaitement viable". Interrogé sur les manifestations et rassemblements initiés ces derniers mois en France par les associations solidaires avec la cause sahraouie pour sensibiliser l'opinion publique sur la justesse de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à autodétermination, M. Lamore s'est dit sceptique sur la portée de ces actions.
De son point de vue, croire que des manifestations, des pétitions ou des demandes d'audience au ministère français des Affaires étrangères puissent
changer quelque chose, "c'est faire preuve d'un bel idéalisme, si ce n'est de la pure naïveté", même si, a-t-il dit, cela n'enlève rien à la valeur de ces
protestations de la part de citoyens éclairés. Sur le silence entretenu par la presse française sur le conflit du Sahara occidental, M. Lamore a dénoncé "l'absence de liberté de la presse sur ce sujet-là en France". "Du fait même que les patrons de presse français, écrite ou audiovisuelle, ont tous leurs propres palais au Maroc, ils sont tenus en laisse et privent, ainsi, le peuple français de toute conscience collective à l'égard du peuple sahraoui".
A une question sur la similitude du fait colonial qu'il a soulevé dans l'un de ses nombreux articles sur la Sahara occidental et la Palestine, le premier étant occupé par le Maroc et la seconde par Israël, M. Lamore a affirmé que ces deux pays "£uvrent dans l'impunité totale".
"Tous deux sont appuyés dans leurs forfaits respectifs par des grandes puissances complices de leurs crimes : les Etats-Unis qui soutiennent Israël
dans son oppression des Palestiniens et la France qui soutient le Maroc dans son oppression des Sahraouis", a-t-il précisé. Sur le risque d'effondrement des négociations entre le Front Polisario et le Maroc en raison des entraves que ce dernier oppose au processus de paix, il a averti que ce risque est "très réel". "Je crains que le Maroc ne prenne un risque considérable en passant à côté de ce qui pourrait être une dernière possibilité pour un règlement pacifique du problème", a-t-il dit.
Il a affirmé, en revanche, être confiant quant au devenir de la cause sahraouie.
"Les Sahraouis sont de fins stratèges, de grands diplomates et toute une nouvelle génération est en train de prendre la relève avec une volonté encore plus féroce pour que justice leur soit faite dans cette affaire, où il y a une telle stratification d'injustices à leur encontre", a-t-il ajouté. "Les Sahraouis ont fait preuve d'un modernisme absolu, en construisant une nation où la démocratie est venue de manière intrinsèque, où il y a une véritable parité entre les sexes, et, tout au cours de leur combat, ils n'ont jamais eu recours au terrorisme", a souligné M. Lamore.
"Ils ont, plutôt, choisi de déposer les armes de manière unilatérale pour se tourner vers le droit international et la diplomatie pour résoudre le conflit", a-t-il rappelé.


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