Les économies informelles sont très exposées au phénomène du blanchiment d'argent, du fait de l'utilisation intensive du cash dans les transactions financières, a estimé mercredi Messaoud Abda expert en lutte contre la fraude. "Les économies informelles qui utilisent le cash sont les plus touchées par le phénomène du blanchiment d'argent", a-t-il souligné lors d'une conférence sur la lutte contre le blanchiment d'argent organisée par l'Institut des hautes études financières. "Il ne faut pas réprimer dans une économie informelle mais plutôt intégrer cette sphère dans l'économie formelle avec des moyens incitatifs", a noté cet expert en lutte contre la fraude auprès de plusieurs organismes et banques canadiennes. Aussi, il préconise pour les pays touchés par ce phénomène l'adhésion aux conventions internationales, qui leur donne le droit de poursuivre les criminels en cas de transfert des capitaux vers l'étranger. M. Abda a considéré essentiel "de bonifier" le niveau de vie des agents des services de répression à travers une prime d'intéressement sur chaque opération de blanchiment découverte. Pour l'Algérie, il ressort des observations qui ont étés faites par cet expert et les financiers présents à cette conférence, qu'elle "contient tous les ingrédients pour que ce phénomène prenne de ''l'ampleur sauf si des moyens de répression seront rigoureusement appliqués''. Il a été cité dans ce sens notamment l'utilisation pratiquement du cash dans presque toutes les transactions financières en dehors du secteur public, la circulation et la production de faux billets, ainsi que le renchérissement dans le secteur immobilier. "L'Algérie doit s'inspirer des expériences des autres pays, qui ont connu ce fléau pour ne pas commettre les mêmes erreurs", note cet expert, qui recommande de "prendre ce phénomène à temps pour ne pas être gangrené comme cela a été le cas pour d'autre pays", tel que le Mexique ou la Colombie. "Le match n'est pas perdu pour l'Algérie tant qu'on sait ce qui va nous arriver, car nous avons le temps de se préparer", soutient M. Abda. Le blanchiment d'argent consiste à intégrer dans des circuits financiers et bancaires des sommes d'argent, dont la provenance est illégale (drogue, vente d'armes, pots de vin) pour les retirer ensuite après leurs avoir donné l'apparence d'une origine licite, explique cet expert. Les techniques de blanchiment prennent plusieurs formes allant des plus courantes comme les spéculations immobilières, les paradis fiscaux ou les prêtes noms jusqu'à la valse de transferts bancaires, qui consiste à transférer de l'argent d'une banque à une banque des plus renommées et chaque banque se couvre dans ' 'la respectabilité de la banque précédente'', a-t-il dit. Les fraudeurs peuvent aussi acheter en espèce dans les commerces de détail des biens de grandes valeurs (bijoux et accessoires de marque) qu'ils revendent après presque à moitié prix dans d'autres points de ventes. L'objectif pour ces blanchisseurs n'est pas de réaliser des gains mais plutôt de blanchir leur argent, selon M. Abda. Les coûts des opérations de blanchiment sont souvent compensés par la production de faux billets, qui seront introduits dans le circuit financier.