Le 13 février 1960 la France coloniale procédait à à son premier essai nucléaire à Reggane, dans la wilaya d'Adrar, (1600 km au sud-ouest d'Alger), dont les conséquences demeurent toujours vivaces tant auprès de la population locale que sur l'environnement global de cette région saharienne. Ces essais nucléaires ont ciblé plus de "150 prisonniers, dont des femmes enceintes, des enfants ainsi que des vieillards, utilisés comme cobayes, dans le but de décimer le peuple algérien", a révélé une étude réalisée par le Centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954. La première bombe nucléaire ayant explosée le 13 février 1960 à In Iker, dénommée "Gerboise bleue" avait une force d'explosion de 70 kilo tonnes de TNT soit une puissance trois fois supérieure à celle larguée en 1945 sur Hiroshima (Japon). Cet épisode "tragique" de la longue nuit coloniale a engendré des séquelles fatales sur la population, l'environnement, la faune et la flore. La radioactivité émanant de ces essais "criminels" est, en outre, à l'origine de l'apparition de nouvelles pathologies, méconnues jusque-là dans la région, dont le cancer, la leucémie et la cécité, soutiennent des spécialistes en médecine nucléaire. Toutes exploitations et activités agricoles sont, de plus, fortement déconseillées sinon interdites dans cette zone, où il a été enregistré la naissance avec de multiples déformations de nourrissons et d'animaux. La multiplication de témoignages accablants et les analyses réalisées par des experts nationaux et étrangers, imposent de fait un traitement approprié à ce dossier pour consacrer la "responsabilité historique incontestable" de la France face aux conséquences induites à ce jour par les effets radioactifs, estiment les observateurs. Des juristes avaient, dans ce contexte, plaidé pour la récupération auprès des autorités françaises les archives relatives aux essais nucléaires afin de "mieux cerner les retombées multiformes découlant de ces essais". Un chercheur dans le domaine nucléaire, Amar Mansouri, a estimé de son côté que les dégâts occasionnés vont continuer à "se manifester au fil du temps" au moment où les autorités françaises maintiennent les archives "inaccessibles". Il a également précisé que "les radiations ionisantes ont franchi les frontières algériennes vers les pays voisins", soulignant leurs effets nocifs sur la santé humaine et l'environnement. Pour faire face à la condamnation quasi unanime de ces "crimes coloniaux" le gouvernement français a voté un texte portant "indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien". Une loi qui "ne répond (cependant pas) pas revendications des Algériens victimes de ces essais", avait soutenu l'avocat Azzedine Zalani. Cette loi est "à responsabilité limitée", avait-il affirmé lors d'un colloque consacré l'an dernier à Alger à cette question. L'indemnisation des victimes des essais nucléaires demeure "fortement limitée" compte tenu de son champ d'application et ne répond "aucunement aux revendications algériennes concernant les droits des populations sahariennes", avait-il estimé. M. Zalani a également mis en relief que cette loi ne prend en compte que les conséquences sanitaires, ne s'applique qu'à des personnes déterminées, souffrant d'une maladie radio-induite" et fait totalement abstraction des atteintes à l'environnement. Une caravane de solidarité d'Alger vers Reggane organisée par l'Association d'aide aux personnes atteintes de cancer El-Amel et Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), vise, entre autres objectifs, à commémorer la tragique journée du 13 février 1960 et rappeler les droits fondamentaux de la population locale touchée au plus profond de sa chair.