L'Algérie a très mal négocié la suppression des droits de douanes à l'importation avec l'Union européenne (UE), dans le cadre de l'accord d'association conclu avec cet espace économique, estiment mercredi des experts et économistes. Dans cet accord, "l'Algérie a fait un effort en matière de réduction des droits de douanes qui a même étonné l'OMC qui prône le libre échange", a indiqué l'expert Benyoucef Abdellah, lors d'une journée parlementaire sur l'impact de la mise en oeuvre de cet accord sur l'économie algérienne. L'Algérie avait procédé avant même la conclusion de cet accord à une réduction unilatérale de 30% des tarifs douaniers avec l'UE, a noté cet universitaire, qualifiant cette décision "de démantèlement incompréhensible". Dans le domaine de la protection de l'industrie par des barrières douanières, l'Algérie se classe en queue de peloton comparée à des pays qui ont conclu le même accord avec l'UE, comme l'Egypte qui a conservé 45% des produits importés de cet espace économique au dessus de 25%, relève cet économiste. " Il fallait avant la conclusion de l'accord faire une évaluation de l'impact de ce démantèlement sur l'économie nationale, l'évaluation qui a été faite était globale et a concerné seulement les pertes budgétaires", note encore cet universitaire. L'accord d'association entré en vigueur en 2005, prévoit un démantèlement tarifaire par étape qui doit aboutir en 2017 à la création d'une zone de libre échange entre l'Algérie et l'UE, qui peut être reportée d'un commun accord à 2020 en cas de menace sur l'industrie nationale. Pour autant cette phase de transition n'est pas suffisante pour protéger l'industrie algérienne, en difficulté, selon Malek Serrai, qui précise toutefois que l'Algérie était contrainte de conclure cet accord pour sortir de l'isolement politique et diplomatique qu'elle traversait. Sur ce plan, "c'est un succès politique" mais sur le plan économique "on a donné le marché algérien sans contrepartie", a résumé M. Serrai. Plus encore, le démantèlement qui coûte en termes de manque à gagner au trésor plus de 2,5 milliards de dollars par an, a été décidé sans prendre en considération "les fourchettes de production des secteurs de l'industrie et de l'agriculture". Pour Rédha Amrani, consultant en économie, le démantèlement tarifaire n'a entraîné aucune baisse de prix de produits importés de l'UE mais a engendré plutôt leur hausse et une augmentation des importations.