ALGER - Me Miloud Brahimi, militant des droits de l'homme, et Me Reda Boudiaf, ancien bâtonnier, ont souligné samedi à Alger l'importance de la révision de la Constitution, considérée comme fondamentale dans le processus de réformes. Dans une déclaration à la presse à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, Me Brahimi a indiqué avoir axé ses suggestions sur la révision de la Constitution qui demeure "la mère de toutes réformes", l'objectif à atteindre étant "l'instauration d'un Etat démocratique". Pour Me Brahimi, la démocratie se concrétise par le respect de la souveraineté du peuple et des droits de l'homme, notamment le droit à la vie, l'abrogation de la peine de mort, l'égalité entre l'homme et la femme ainsi que le droit au pluralisme et à l'alternance au pouvoir. Outre la mission de protéger le pays et la Constitution, l'Armée doit assurer la protection de la démocratie et des droits de l'homme, "se retirer définitivement de la politique et observer la neutralité". Me Brahimi a également mis l'accent sur l'indépendance de la justice par "l'application de loi et rien que la loi". "La justice doit être au service du justiciable, lequel souffre encore malheureusement des ses carences", a-t-il déploré, plaidant, par ailleurs, pour l'ouverture du champ audiovisuel. De son côté, l'ancien bâtonnier, Me Reda Boudiaf, reçu par l'Instance en même temps que Me Brahimi, a insisté sur la réforme de la justice, en se référant aux conclusions de la Commission sur la réforme de la justice dont il avait fait partie et qui était présidée par feu Mohand Issaad. Appelant à "revoir la copie" en matière de réforme de la justice, Me Boudiaf a rappelé que la réforme avait pour objet de rapprocher la justice du justiciable, en facilitant, a-t-il expliqué, "l'accès à l'exercice des droits par l'assouplissement des règles de procédure, la compétence des magistrats, le respect des droits de la défense ainsi que le respect du principe du procès équitable". Evoquant le deuxième volet abordé lors de son entretien avec l'Instance de consultations sur les réformes politiques, Me Boudiaf a estimé que le développement économique doit garantir "l'épanouissement de l'homme et la prospérité pour tous". En ce sens, il a relevé que le poste de ministre doit être considéré comme une "mission de gestion et pas une récompense à titre politique", insistant à cet effet sur une "véritable solidarité gouvernementale" à même de faire face aux enjeux de développement. Enchaînant sur la situation de la jeunesse en Algérie, il a suggéré la création d'un "ministère d'Etat dédié à la Jeunesse" pour une prise en charge "effective" des préoccupations et aspirations de cette frange de la société. Par ailleurs, Me Boudiaf a recommandé que l'agrément des partis politiques soit confié au Conseil constitutionnel, le ministère de l'Intérieur émettant un "avis technique" en la matière. L'Instance de consultations sur les réformes politiques est représentée par son président, Abdelkader Bensalah, assisté de MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi. Au terme de ces consultations qui se poursuivront jusqu'à la fin du mois de juin prochain, un rapport final détaillé, reflétant "fidèlement" les avis et les propositions émis par les participants, sera soumis au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les propositions seront ensuite présentées au gouvernement qui élaborera, sur cette base, des projets de loi qui seront soumis à l'Assemblée populaire nationale en septembre prochain. Le président de la République avait annoncé dans son discours à la nation du 15 avril dernier des réformes politiques englobant une révision, en 2011, de l'essentiel du dispositif législatif national (loi électorale, loi sur les partis politiques, loi sur les associations, code de l'information, code de wilaya, etc.) et devant être parachevées, après les législatives de 2012, par un amendement en "profondeur" de la Constitution.