ROME-La réunion ministérielle d'urgence qui s'est tenue lundi au siège de la FAO à Rome a fait naître une mobilisation internationale contre la sécheresse qui sévit dans la Corne de l'Afrique. Jugée "catastrophique", par le Directeur général de la FAO, Jacques Diouf, la situation dans plusieurs pays de la Corne de l'Afrique, notamment la Somalie, exige de réunir 1,6 milliard de dollars qui "sont nécessaires dans les 12 mois et 300 millions dans les deux mois qui viennent", selon Diouf. "Il faudrait 130 millions de dollars pour apporter des secours agricoles immédiats, dont 70 millions de dollars pour la seule Somalie", a indiqué Diouf. "Il convient d'accélérer la mise en oeuvre des stratégies et des plans d'investissement adoptés par les gouvernements des pays de la Corne de l'Afrique, en augmentant de manière décisive des stratégies de développement agricole axées sur la croissance, l'investissement national et international", a-t-il souligné. Pour sa part, le président du FIDA, Kanayo F. Nwanze, a estimé que "le renforcement de la résilience de l'agriculture et de l'élevage dans la Corne de l'Afrique et dans le monde entier exige plus d'un engagement à long terme. Mais le temps, comme on peut le constater au vu de la situation catastrophique dans la Corne de l'Afrique, est compté". "Il convient d'aider les pasteurs et agropasteurs, qui sont au coeur d'un système dynamique offrant des moyens de subsistance durables dans la région", a indiqué la FAO, relevant que "dans le même temps, il a été reconnu que la mobilité des éleveurs nomades et de leur bétail au sein des pays et à travers les frontières était essentielle pour sauver des vies et préserver les fondements de la sécurité alimentaire et de la nutrition. "La communauté internationale a échoué à assurer la sécurité alimentaire", a affirmé pour sa part le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, dont le pays avec l'Espagne, ont appelé à cette réunion d'urgence, soulignant que "nous devons tous réinvestir dans l'agriculture mondiale". "Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, la faim sera le scandale de ce siècle", a averti le ministre français, soulignant que la rencontre de Rome était "une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de personnes". "Des dizaines de milliers de personnes sont mortes ces dernières semaines", selon l'ONU, qui avait décrété "formellement" la famine dans deux régions du Sud de la Somalie, en Ethiopie, au Kenya, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. Première organisation internationale à avoir débloqué 500 millions de dollars, la banque mondiale a donné l'exemple, estimant dans un communiqué que "cette somme s'ajoute à 12 millions de dollars débloqués pour apporter une aide immédiate à ceux qui sont le plus touchés par la crise". Bonne nouvelle, une aide d'urgence de 400 tonnes de nourriture, a pu atteindre l'une des régions les plus touchées par la famine en Somalie, la région de Gédo au nord-ouest de Mogadiscio, où des aliments ont été distribués à quelque 24.000 personnes. Des haricots, du riz et de l'huile ont été acheminés par camions dans cette région contrôlée par la rébellion, qui n'était plus accessible aux ONG humanitaires depuis 2009. "Nous nous engageons en faveur d'une réponse immédiate et appropriée pour garantir que les pays et les communautés touchés aient la capacité de préserver les moyens de subsistance vulnérables desquels dépend la vie d'un grand nombre de personnes" ont dit les participants à cette réunion dans une déclaration. La réunion s'est tenue en présence de ministres et représentants de haut niveau des 191 pays membres de la FAO, de représentants d'autres agences des Nations Unies et de responsables d'organisations internationales et d'organisations non gouvernementales.