PARIS - Un colloque international "Le 17 octobre 1961 : 50 ans après, la nécessaire reconnaissance" se tiendra le 15 octobre à l'Assemblée nationale française, à l'initiative de l'Association Au nom de la mémoire et de la Ligue des droits de l'Homme (Ldh). Selon un des organisateurs, l'historien Gilles Manceron, ce colloque est le "premier de cette ampleur à se tenir à l'Assemblée nationale française et son importance est marquante", car il coïncidera avec la "parution d'ouvrages et (la) projection de films inédits" sur les tragiques évènements. "Les participants au Colloque formuleront une seule demande : porter la France officielle, responsable de ces massacres, à reconnaître ce crime d'Etat, symptomatique de la violence coloniale", a indiqué l'historien à l'APS. Pour Gilles Mancheron, également vice-président de la Ldh, la "mobilisation sans précédent d'élus locaux" pour la tenue d'un telle rencontre internationale à l'Assemblée renseigne sur la "nécessité de reconnaître ces faits et de les condamner". Au programme de colloque, figure notamment la projection de films sur les massacres d'algériens à Paris en octobre 1961, parmi lesquels la préface filmée d' "Octobre à Paris, réalisée en 2011 par le président de l'Association "Au nom de la mémoire", Mehdi Lallaoui, à l'occasion de la sortie en salles, le 19 octobre prochain du film de Jacques Panijel. Un documentaire, réalisé en 1962, mais frappé de censure depuis un demi siècle. De son côté, la réalisatrice Yasmina Adi présentera des extraits de son film " Ici on noie les Algériens, 17 octobre 1961" qui sort en salles le 19 octobre 2011. Après un débat animé par Gilles Manceron sur le thème "La mémoire de l'événement, comment a-t-il été possible", il sera procédé à la projection d'extraits des films de Daniel Kupferstein, "Dissimulation d'un massacre", "17 octobre 1961", et "Mourir à Charonne, pourquoi ?". Une autre table ronde sera animée par la journaliste et femme de lettres, Samia Messaoudi, autour du thème "Quoi de neuf dans la connaissance des événements ? Que faut-il aujourd'hui". La discussion sera menée avec un panel d'historiens dont Jean-Luc Einaudi, Mohammed Harbi, le britannique Jim House, Neil MacMaster, Hassan Remaoun et Alain Ruscio. Au plan éditorial, le colloque sera mis à profit par l'universitaire et historien Emmanuel Blanchard qui présentera son dernier ouvrage "Octobre 1961 et la police des Algériens en région parisienne, des années 1920 à aujourd'hui : entre principes républicains et pratiques coloniales". Selon Gilles Manceron, les algériennes et les algériens, sortis manifester "pacifiquement" dans les rues de Parsi, entendaient protester aussi contre les agressions qui s'étaient multipliées depuis deux mois par les "équipes spéciales" organisées, "hors de toute légalité", par Maurice Papon. "Que peut-on dire aujourd'hui de la connaissance de ces événements qui furent l'objet, pendant longtemps, de dissimulation et de déni ? Cinquante ans après, la France ne doit-elle pas reconnaître la responsabilité de l'Etat dans ce drame ?", s'interroge-t-il. Le 17 octobre 1961, une manifestation regroupant des dizaines de milliers d'Algériens "désarmés" était organisée à Paris contre le couvre-feu discriminatoire imposé par le préfet de police Maurice Papon au seuls algériens de la capitale française. Tortures, ratonnades et meurtres avaient marqué cette funeste journée où la police parisienne, dirigée par Papon, avait été lâchée pour "casser de l'Algérien", sous couvert du rétablissement de l'ordre public.