ANNABA - Les régions frontalières nécessitent des programmes de développement spéciaux, qui prennent en considération leurs spécificités, ont estimé mardi à Annaba des représentants des assemblées populaires de cinq wilayas de l'Est du pays. Ils ont expliqué, lors d'une rencontre de concertation sur le développement local en présence d'une délégation du Conseil national économique et social (CNES), que ces régions devraient être inscrites parmi les ''zones à promouvoir'', à l'image des wilayas du Sud et celles des Hauts plateaux. Le développement dans les wilayas frontalières exige, selon eux, la création d'un fonds spécial qui permettra l'amélioration des conditions socioéconomiques des populations, notamment dans les communes enclavées de ces régions. ''Seule une réelle prise en charge des préoccupations et attentes des populations locales'' et une poursuite des efforts pour améliorer leurs conditions de vie peuvent, selon ces élus, ''endiguer le fléau de la contrebande'', répandu dans la région. ''Dans notre wilaya, tout peut faire l'objet de contrebande. Bétail, lait en poudre, céréales, câble de cuivre, carburant (essence et gasoil) et autres'', a déploré un élu de la wilaya d'El-Tarf. Il a également préconisé une prise en charge particulière des jeunes de ces régions frontalières, qui souffrent d'un chômage chronique et d'un manque de loisirs. Cette prise en charge consiste, selon un élu de la wilaya de Tébessa, à créer de nouveaux emplois par l'encouragement de l'investissement, l'augmentation des quotas de logements destinés à cette frange de la société et la levée de tous les obstacles entre le jeune et l'administration, pour leur permettre d'établir une relation de confiance. Le développement de l'agriculture, de l'élevage, de l'artisanat traditionnel et l'ouverture du tourisme à l'investissement privé, contribueraient également à créer de l'emploi et à l'amélioration du niveau de vie dans les zones frontalières et dans le reste des wilayas du pays, selon un membre d'une assemblée populaire. Pour lui, la mise en place d'un guichet unique regroupant les différents dispositifs de promotion de l'emploi simplifierait les procédures de création d'entreprises, et donc d'emplois notamment au profit des jeunes. D'autre part, plusieurs participants ont plaidé pour l'élargissement des prérogatives des élus locaux, notamment en matière d'investissements ainsi qu'une révision "immédiate" du code des marchés publics qui, ont-ils dit, ''entrave le développement local au lieu de l'encourager''. Il a appelé également au maintien du dialogue entre les élus et les pouvoirs publics pour une meilleure prise en charge des préoccupations socioéconomiques des citoyens dans les différentes régions du pays. La délégation du CNES, conduite par son président Mohamed Seghir Babes, poursuivra mercredi à Annaba ses rencontres avec les représentants de la société civile et les jeunes des wilayas de Annaba, Tébessa, Souk-Ahras, Guelma et El-Tarf. La visite de deux jours de la délégation du CNES à Annaba s'inscrit dans le cadre d'une tournée entamée le 5 septembre dernier. Onze rencontres de concertation ont été déjà organisées jusqu'à présent et qui ont concerné plus d'une vingtaine de wilayas du Sud, de l'Est et de l'Ouest du pays. D'autres wilayas seront également concernées par ce périple qui se veut une étape préparatoire à six rencontres régionales devant ouvrir la voie à des assises nationales sur le développement local, prévues pour le 22 décembre prochain à Alger. La plate-forme des recommandations que dégageront ces assises nationales seront intégrées dans un programme national de réformes.