ALGER - La nécessité de mettre en place de lois répressives pour lutter contre les violences infligées aux femmes a été mise en exergue jeudi à Alger par les participants à une journée parlementaire dédiée à ce thème. De nombreux intervenants ont plaidé pour l'instauration de dispositions légales et pénales "strictes", suivies d'une application "rigoureuse" pour la protection de la femme victime de violences. Dans son intervention, Dalila Djerbal, sociologue et responsable au sein du réseau Wassila, s'est élevée contre ce qu'elle a décrit, en substance, comme une certaine tolérance de la société à l'endroit des violences faites aux femmes. Le réseau Wassila est un centre d'écoute et d'accueil mis au service des femmes subissant des violences. Mme Djerbal a relevé que 60 % des violences dont les femmes sont victimes se déroulent dans un espace privé, donc "non contrôlé". Selon elle, il existe un vide juridique concernant la protection de la femme, ajoutant que la violence dont les femmes sont victimes constitue un obstacle les empêchant d'avoir leurs droit et d'aspirer à l'émancipation. "D'aucuns parlent de la nécessité d'un changement des mentalités, mais celui-ci ne peut avoir lieu qu'à la faveur de lois rigoureuses", a insisté l'oratrice. Dans une intervention portant sur " la problématique sociologique de la violence à l'égard des femmes", Mimouni Motassam Khadra, psychologue et chercheur en anthropologie sociale au centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran, a affirmé que la violence entre les époux constituait le type de violence le plus répandu. Faisant état d'une enquête réalisée récemment par le CRASC sur 2000 ménages à Oran, elle a indiqué que seulement 15 % des femmes violentées osent porter plainte, le reste ne le faisant pas "par peur du divorce ou d'autres formes de violence physique." La chercheur du CRASC a, par ailleurs, estimé que les mauvaises conditions sociales étaient à l'origine de la violence contre les femmes. Selon elle, le chômage, la promiscuité ainsi que le célibat constituent des facteurs qui "exacerbent" le phénomène, faisant état, dans ce cadre, de maladies et de troubles psychologiques dont souffrent les victimes des violences. Elle a indiqué que l'instauration d'un dialogue au sein du couple est à même de dénouer les situations les plus inextricables, ajoutant que l'éducation sur la nécessité du respect de la femme doit commencer au sein de la famille puis à l'école. Le représentant du ministère des Affaires étrangères, Saidi Ahmed, a préconisé d'associer la société civile dans le processus de lutte contre la violence à l'égard des femmes dans la mesure où celle-ci, a-t-il expliqué, est bien au "fait" de la problématique. Relevant que des rapports établis par des organisations non gouvernementales étrangères focalisent, le plus souvent, sur les carences en matière de protection des droits des femmes en Algérie, M. Saidi a invité les associations nationales à s'impliquer davantage dans leur mission de lutte contre les violences faites aux femmes. Il a passé en revue par la même occasion les mesures prises pour honorer les engagements de l'Algérie en matière de lutte contre les violences infligées aux femmes.