De par leur vulnérabilité, les femmes et les enfants sont la première cible de violence au sein même de leurs familles. Hier à Alger, les représentants du réseau Wassila, ont réitéré leur appel pour trouver des mécanismes à même d'enrayer ce phénomène et de prendre en charge les victimes sur les plans matériel et légal. «Cette violence est un problème politique car la loi est égalitaire en matière d'articles sanctionnant ces actes», indique Mme Dalila Djerbal juriste et membre du réseau Wassila. Elle évoque alors la «nécessité de revoir ces articles du code pénal car la violence infligée aux femmes reste spécifique», invitant à rendre l'acte de «violence conjugale un motif à citation directe devant la justice». Elle estime également que les dispositions discriminatoires établies dans le code pénal doivent être retirées notamment, pour la disposition du «Khol'» où la femme doit payer sa libération si c'est elle qui demande le divorce. «Comment peut-on payer son agresseur», s'interroge la juriste. La lutte contre le phénomène de la violence à l'égard des femmes et des enfants c'est la mission du réseau de réflexion et d'action en faveur des enfants et des femmes victimes de violence (Wassila). En dix années d'existence, il s'est doté d'une permanence hebdomadaire afin de recevoir les femmes victimes de violence. Le constat établi est relaté dans un manuel : «Livre noir de la violence conjugale, halte à l'impunité». L'ouvrage qui allie enquête et sondage reprend le témoignage de femmes de tous âges confondus. Il se base aussi sur le quotidien des médecins légistes et le personnel de la santé. 73 cas de violence conjugale sur environ 350 femmes qui sont venues demander de l'aide au niveau de la permanence en trois ans et demi, n'est pas le reflet de la réalité qui est selon les intervenantes plus importante. «La majorité de nos patients sont des femmes victimes de violence conjugale», avoue Dr Farida Miloud médecin légiste à l'hôpital de Zéralda. Ce Livre noir est selon le Pr Fadhila Chitour «un plaidoyer pour que la violence conjugale soit condamnée, sanctionnée pénalement afin de mettre un terme à l'impunité qui conforte l'agresseur dans son droit de violence» sachant qu'une proportion alarmante de décès est enregistrée, soit 6 morts sur 50 femmes auscultées. La violence en milieu familial contre les femmes et les enfants dépasse celle enregistrée à l'extérieur, d'où la nécessité de «redoubler d'efforts à l'effet de trouver des solutions à ce phénomène», a indiqué l'intervenante avant d'appeler à la mise en place d'une formation sur le plan de la médecine et de la psychologie. Car le phénomène est un problème de santé publique devant les retombées de cette violence sur l'état physique et psychique de la femme battue et de son entourage le plus proche. Ces mêmes préoccupations ont été adressées au rapporteur spécial des Nations unies sur la violence contre les femmes. Le réseau Wassila est depuis le 30 décembre 2009, renforcé par une nouvelle association, l'AVIFE (Association d'Aide aux Victimes de violence Femmes et Enfants).