ALGER - Les observateurs de la Ligue arabe ont visité mercredi d'autres régions en Syrie, où trois civils ont été tués dans des violences au lendemain de la mort de 18 membres des forces de sécurité à Deraa (sud), alors que l'organisation panarabe écarte toute éventualité de retrait de sa mission. Deux civils ont été tués et quatre autres ont été blessés dans la journée à Homs (centre), lorsque des coups de feu ont été tirés d'une voiture, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Un autre civil a été également tué à Hama (centre), d'après la même source. Ces violences interviennent au lendemain de la mort de 18 membres des forces de sécurité syriennes dans des affrontements avec des soldats "déserteurs" dans la région de Deraa (sud). Arrivés depuis le 26 décembre dernier dans le pays dans le cadre du plan de sortie de crise syrienne de la Ligue arabe, les observateurs arabes se sont rendus mercredi à Homs et à Hama, ainsi qu'à Daël (région de Deraa) et à Harasta, près de Damas, selon la télévision publique. Les observateurs poursuivent leur mission en comptant de se déployer dans d'autres régions syriennes, en dépit de la poursuite des actes de violences et des pressions internationales, marquées par des doutes sur la capacité de cette mission à rendre compte de la situation réelle sur le terrain. Récemment, le Parlement arabe a appelé au retrait de cette mission en raison des violences qui continuent de faire des victimes. Mais le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, M. Ahmed Ben Helli a écarté toute éventualité de retrait des observateurs. Les informations faisant état du retrait de la mission d'observation ne sont pas exactes, a-t-il assuré, ajoutant que l'organisation panarabe "travaille au renforcement de cette mission et non à son retrait, et ce en augmentant le nombre des ces effectifs". "Il est difficile de dire qui tire sur qui", a-t-il ajouté, précisant que cette question doit être évoquée avec le gouvernement syrien car l'objectif de la mission arabe consiste à arrêter les tirs et protéger les civils. Une réunion consacrée à l'examen des développements de la situation sur la scène syrienne qui devait avoir lieu samedi au Caire a été reportée à dimanche. Il sera notamment question lors de cette réunion de "l'examen du rapport préliminaire du général Ahmed Mustafa Al Dabi, chef de la mission des observateurs", a-t-on expliqué auprès de la Ligue arabe. Lors de sa visite dans la région d'Idleb (nord-ouest), le chef d'une délégation d'observateurs arabes, Abd Elatif Al-Djabali, a déclaré n'avoir vu "aucun signe de violences", ajoutant avoir discuté avec des habitants, dont certains s'étaient plaints des groupes armés et des enlèvements. Mardi, le président de la chambre des opérations de la mission d'observation, Adnan Al-Khadhir a appelé toutes les parties à ne pas "précipiter l'annonce des résultats de la mission avant que celle-ci ne termine son travail dans le cadre du protocole de la Ligue arabe". La Syrie, qui a accepté le protocole arabe, a accusé mercredi les Etats-unis de s'ingérer dans la mission des observateurs arabes. Washington ayant estimé que les autorités syriennes n'avaient pas respecté leurs engagements vis-à-vis de la Ligue arabe. "Les déclarations américaines (...) sont une ingérence flagrante dans la (mission) de la Ligue arabe, et une tentative injustifiée pour internationaliser" la crise en Syrie, a affirmé le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. Ces propos américains "attisent la violence", a-t-il ajouté, et "interviennent avant le rapport de la Ligue arabe" sur les résultats de la mission arabe, qui doivent être examinés dimanche, ce qui nuit, a-t-il indiqué, "à l'action des observateurs arabes". Ces actions entreprises par la Ligue arabe pour une sortie de crise en Syrie, ont reçu le soutien du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon qui a appelé à "donner plus de temps aux observateurs arabes pour qu'ils puissent achever leur mission et présenter un rapport" "Tout le monde est dans l'attente de ce rapport, pour évaluer ses conclusions", a souligné le chef de l'ONU, ajoutant que l'important est "la collaboration des autorités syriennes avec cette mission". La Syrie est en proie depuis des mois à un mouvement de contestation réclamant le départ du président Bachar Al-Assad. Des violences ont émaillé les manifestations, faisant des milliers de morts et de blessés. Damas attribue ces violences à des "gangs armés qui cherchent à déstabiliser le pays", dénonçant "un complot étranger" contre la Syrie. Selon un récent communiqué de l'ONU, plus de 5.000 civils ont été tués en Syrie depuis l'éclatement des manifestations à la mi-mars, alors que les autorités syriennes font état de plus de 2.000 morts parmi les militaires et les forces de sécurité.