ALGER - Aucune suite n'est donnée jusqu'à présent au projet de résolution russe sur la crise syrienne, en examen depuis mardi au Conseil de sécurité de l'ONU, malgré les amendements apportés par Moscou à sa demande qui condamne les violences perpétrées par toutes les parties en Syrie. Dans son projet, la Russie appelle notamment à l'attribution de manière équitable les violences qui secouent la Syrie depuis le début des contestations en mars dernier. Mais les pays occidentaux, à leur tête les Etats Unis, s'opposent à cette demande de la Russie, estimant que le projet de celle-ci était en l'état inacceptable. Mardi, les discussions au Conseil de sécurité de l'ONU sur ce projet ont duré plus de quatre heures, sans que les membres du Conseil n'approchent d'un accord. Des experts des 15 pays membres du Conseil ont évoqué le projet russe, au moment où les critiques sur l'inaction de l'ONU face aux violences en Syrie se font croissantes. "Il y a eu plus de quatre heures de discussions, mais elles n'ont porté que sur les paragraphes d'introduction" du texte, a déclaré un diplomate occidental d'un pays impliqué dans ces négociations, ajoutant qu' "il n'y a pas vraiment d'effort pour combler le fossé" séparant les différents points de vue. Selon un diplomate à New York, le nouveau texte russe est une "simple compilation des amendements proposés par les autres membres du Conseil", sans progrès sur le fond. Les Occidentaux réfutent la volonté de Moscou de mettre sur un même plan, dans la condamnation de la violence, le régime et l'opposition. La France a jugé le projet russe "très loin de répondre à la réalité de la situation" en Syrie, selon le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal. "Je vous rappelle dans quel esprit la France veut que le Conseil de sécurité s'exprime. Exiger que le régime mette fin à sa répression implacable, distinguer clairement entre cette répression et l'expression du peuple syrien dans la revendication de ses droits fondamentaux, et soutenir le plan de sortie de crise de la Ligue arabe", a souligné Romain Nadal. "Le Conseil de sécurité doit s'exprimer très vite et nous y travaillons intensément", a-t-il ajouté. Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, dont le pays est membre non permanent du Conseil de sécurité, "le nouveau projet de résolution russe ne va pas assez loin". "Mais j'accueille favorablement le fait que certains partenaires dont la Russie, commencent à évoluer quelque peu dans leur position", a-t-il dit. "Ce qui est important à nos yeux est une condamnation claire et sans ambiguïté (par le Conseil de sécurité) de la violence commise par le régime de Bachar al Assad. Nous allons continuer à faire pression dans cette direction", a ajouté le chef de la diplomatie allemande dans une déclaration. La réaction de Londres suit celle de Paris, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a indiqué qu'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie "est attendue depuis longtemps", mais il est peu probable que la Russie y consente. "Je pense que cela fait longtemps que le Conseil de sécurité de l'ONU aurait dû s'exprimer sur la Syrie", a souligné William Hague, ajoutant que "lorsque nous avons essayé le 4 octobre dernier, notre résolution a rencontré un veto de la Russie et de la Chine. Je ne suis pas optimiste sur une évolution concernant la Russie pour le moment". "Mais nous continuerons d'en discuter avec la Russie et je pense que si la Ligue arabe s'adressait directement au Conseil de sécurité, cela aiderait", a poursuivi M. Hague. Les Etats-Unis ont jugé que le nouveau projet de résolution russe sur la Syrie, distribué la veille à l'ONU, nécessitait "davantage d'efforts" afin d'aboutir à un texte condamnant le régime du président Bachar al-Assad. "Il est évident, manifestement, que davantage d'efforts doivent être consentis, d'après ce que nous avons vu jusqu'ici", a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, à propos du texte russe distribué à l'ONU. "Nous allons travailler afin d'aboutir à une résolution qui tienne pour responsable le régime Assad mais qui, bien sûr, soutienne aussi les efforts de la Ligue arabe", a ajouté le porte-parole. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Weimin a indiqué que "la Chine soutient la résolution de la crise syrienne dans le cadre de la Ligue arabe", même si la mission des observateurs arabes est largement critiquée pour son incapacité à faire cesser l'effusion de sang. Au sujet du nouveau projet de résolution russe qui fait l'objet de laborieuses discussions au Conseil de sécurité de l'ONU, Liu Weimin a souligné que ces négociations devaient "promouvoir un dialogue politique pour résoudre le conflit". Le diplomate chinois a ajouté que "la Chine est consciente des efforts de la Russie pour résoudre la crise en Syrie et elle est prête à participer aux discussions sur la base de la proposition de résolution russe". A la mi-décembre, la Russie a pris l'initiative de présenter un premier projet de résolution condamnant les violences perpétrées "par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes". Mais les puissances occidentales ont jugé ce texte trop timoré. La Russie s'oppose fermement à toute ingérence dans la crise syrienne et est contre un embargo du Conseil de sécurité de l'ONU sur les livraisons d'armes à la Syrie, où se poursuivent des contestations émaillées de violences qui ont fait des milliers de morts parmi les civils et les forces de sécurité.