ALGER - L'Algérie doit récupérer auprès des autorités françaises les archives relatives aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien afin de définir les zones à risque d'émanation radioactives et prémunir les populations contre ce danger, a souligné lundi à Alger l'expert dans le domaine nucléaire Amar Mansouri. L'expert intervenait lors d'une conférence organisée par le journal "E-chaâb" en collaboration avec l'association "Mechâl Echahid" au centre E-chaâb des études stratégiques sous le thème "Les effets des essais nucléaires sur l'homme et l'environnement" à l'occasion du 52e anniversaire des essais nucléaires français dans le Sahara algérien (1960). Il a appelé à la conjugaison des efforts de la société civile pour exiger les dédommagements pour les effets de ces essais sur l'homme et l'environnement, soulignant la nécessité d'organiser une conférence internationale sur les essais nucléaires dans le monde. Pour l'avocate Fatma Zohra Benbrahem, la France "a procédé à des explosions nucléaires non à des essais nucléaires" en se servant d'êtres humains et d'animaux. Me Benbrahem a révélé à ce propos que des enquêtes effectuées dans ce sens font état de la disparition de plus "150 détenus algériens" qui auraient servi de cobayes et dont les restes auraient été transférés en France aux fins de recherches. Elle a par ailleurs ajouté que la France faisait encore, 52 ans après, des études sur les effets de ses explosions nucléaires. Me Benbrahem a en outre fustigé le décret exécutif du 13 juin 2010 concernant les modalités d'application de la loi Morin sur les conditions et modalités d'indemnisation des victimes des explosions et essais nucléaires français. Elle a estimé que cette loi excluait les Algériens eu égard aux conditions "rédhibitoires" notamment pour ce qui est du lieu et de la date des explosions ainsi que pour les maladies provoquées. Le 13 février 1960, la France a fait exploser trois bombes atomiques à Reggane et In Iker, à 150 km au sud d'Adrar. Ces bombes dont la première est quatre fois plus puissante que celle larguée par l'armée américaine sur la ville d'Hiroshima (Japon) à la fin de la deuxième Guerre mondiale, continuent de provoquer des maladies.