Les membres du Conseil de sécurité ont décidé samedi à l'unanimité d'autoriser la mise en place en Syrie d'une mission préparatoire comprenant jusqu'à 30 observateurs militaires non armés, tandis que le représentant de la Syrie à l'ONU a convenu de la nécessité de restaurer la stabilité dans le pays. La résolution adoptée par cette instance de l'ONU prévoit que cette mission opérera en attendant le déploiement d'une mission des Nations unies en Syrie chargée de vérifier que toutes les parties cessent de se livrer à la violence armée sous toutes ses formes. Cette mission devra aussi vérifier que les points correspondants de la proposition de l'Envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe soient appliqués sur la base d'une proposition officielle du Secrétaire général, que le Conseil de sécurité souhaite recevoir le 18 avril au plus tard. Par cette résolution, le Conseil demande que le gouvernement syrien veille au bon fonctionnement de la mission, notamment de la mission préparatoire, en facilitant ''le déploiement rapide et sans entrave de son personnel et des moyens nécessaires à l'exécution de son mandat'' et ''en lui garantissant la liberté de communiquer de manière confidentielle avec des personnes dans toute la Syrie, sans que ceux qui auront des contacts avec la mission ne fassent l'objet de représailles''. Condamnant les violations des droits de l'homme commises aussi bien par les autorités syriennes que par les groupes armés, le Conseil demande à toutes les parties syriennes, y compris l'opposition, de mettre fin immédiatement à la violence armée sous toutes ses formes. A l'issue de l'adoption de cette résolution, le représentant de la Russie, Vitaly Churkin, a déclaré que le texte original de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité avait été ''profondément modifié'' et rendu ''plus équilibré'' de manière à mieux refléter la réalité sur le terrain et à prendre en compte les positions du gouvernement syrien qui accueillera la mission de l'équipe avancée d'observateurs devant superviser le cessez-le-feu, ajoutant qu'un officier russe en fait partie. La Russie ''attend du Secrétaire général qu'il présente des mesures concrètes sur le déploiement ultérieur d'une mission d'observateurs onusiens plus étoffée'', a dit M. Churkin. Pour sa part, le représentant de la Chine, Li Baodong, a engagé toutes les parties syriennes à respecter strictement les engagements pris de manière à lancer un processus de dialogue inclusif mené par les Syriens eux-mêmes. Il a également appelé la communauté internationale à continuer de ''soutenir sans arrière-pensées'' la mission de Kofi Annan. ''Toute déclaration négative et tout obstacle posé par qui que ce soit aux efforts de médiation de M. Annan sont inacceptables'', a-t-il averti. Aussi, il a exhorté les membres de la mission à s'acquitter de leur mandat de manière ''neutre, impartiale et positive'', et les parties syriennes à s'attacher à assurer son succès. De son côté, la représentante des Etats-Unis et présidente en exercice du Conseil de sécurité, Susan Rice, a souligné qu'après plus d'une année de violences, le gouvernement syrien avait déclaré qu'il était prêt à mettre fin à cette situation. Le Conseil de sécurité ''a autorisé le déploiement d'une mission préparatoire pour vérifier que le gouvernement respecte les engagements qu'il a pris'', a-t-elle souligné, expliquant qu'ainsi, ''le Conseil s'acquitte enfin de ses responsabilités''. Selon elle, le déploiement de la mission préparatoire ''est un test pour voir si le gouvernement syrien coopère''. Dans son intervention, le représentant de la Syrie, Bachar Djaafari, a souligné ''l'appui de sa délégation à la mission de M. Annan dont la Syrie veut le succès''. Il s'est, par ailleurs, inquiété de la perspective que la crise des réfugiés ne soit utilisée de manière politique par certains membres du Conseil de sécurité pour demander la création de ''zones tampons'' et appeler à une intervention militaire. Il a également dénoncé les membres du Conseil ''qui ne tiennent pas les bandes armées, qui opèrent en Syrie, comme responsables des agressions perpétrées à l'encontre des forces armées syriennes et des civils''. Le représentant de la Syrie a ensuite particulièrement dénoncé le fait qu'au moment où M. Annan était en négociation avec les parties, une réunion parallèle a été organisée à Istanbul par certains pays pour, a-t-il affirmé, ''saper les efforts de l'ONU et envenimer la crise''. ''L'appui continu apporté aux groupes armés menace clairement le plan de M. Annan'', s'est-il inquiété, avant d'accuser ''les pays qui jouent ce rôle et versent de l'argent aux membres de l'opposition armée d'être responsables de l'effusion de sang en Syrie''. M. Djaafari a ensuite estimé que la résolution adoptée n'était pas équilibrée, mais a néanmoins convenu de la nécessité de restaurer la stabilité de la Syrie. Il a aussi dénoncé ''ceux qui ont vendu six sous-marins capables d'être équipés de missiles nucléaires à Israël et viennent ensuite faire des leçons de morale et de paix à la Syrie au Conseil de sécurité''. S'exprimant ensuite en français et s'adressant à la délégation de la France, le représentant syrien a souligné que ''l'époque de la tutelle est révolue'', tout en rappelant que le 17 avril, ''le peuple syrien célèbrera l'anniversaire de son indépendance de la France'' proclamée le 17 avril 1946.