Le siège du consulat de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a été pris d'assaut tôt mardi par des centaines de ressortissants algériens venus choisir, parmi les 23 candidats en lice dans le cadre des élections législatives en France-Nord (Zone 1), ceux qui vont les représenter à la future Assemblée populaire nationale (APN). Une heure avant l'ouverture des bureaux de vote, une chaîne interminable était visible aux abords du Consulat, les citoyens attendant ardemment pour accomplir leur devoir en ce jour mémorable du 8 mai, également férié en France (Armistice-1945), a-t-on constaté. C'est le cas d'Ahmed Dechache, septuagénaire établi en France depuis 1969. "Je suis là depuis six heures du matin pour dire mon mot à travers un vote qui, j'espère, concourra à améliorer la situation du pays et réduire les souffrances des Algériens en France", a-t-il confié à l'APS. Parmi les premiers votants, il y a lieu de relever la présence en Force d'Algériens immigrés de la première génération, qui devaient jouer des coudes pour se frayer un chemin pour arriver à l'un des douze bureaux mis à leur disposition. Mohand Issad, octogénaire résidant en France depuis les années 1940, affirme avoir voté pour le changement. "'ai décidé de voter, à la vue des listes des candidats qui présentent des potentialités. Pour moi, l'Assemblée ne doit plus se contenter d'être une Chambre d'enregistrement, mais prendre en compte la volonté des voix qui s'expriment", a-t-il dit. Drapé de l'emblème national, Dib Miloud affiche fièrement son appartenance. "Je suis content de voter en ce jour mémorable du 8 mai qui nous rappelle les milliers d'Algériens tombés à Sétif, Guelma et Kherrata. C'est pour honorer leur mémoire que j'ai accompli aujourd'hui mon devoir citoyen", a-t-il dit, le menton haut, au sortir du bureau de vote. Etabli depuis 57 ans en France, il dit espérer que les deux députés qui auront à représenter France-Nord dans la future Assemblée puissent mettre un terme aux "souffrances" qu'endure la communauté nationale établie dans l'Hexagone dont les "attentes interminables" dans les préfectures pour les renouvellements des titres de séjour et la "cherté" des billets d'avion entre la France et l'Algérie. Rares en ce premier jour de vote, des jeunes immigrés s'acquittaient, eux aussi, de leur devoir électoral. C'est le cas de Nouredine Mellouk (41 ans) pour qui le vote est un acte par lequel on "peut faire changer les choses". "Nous espérons, à travers ce vote, avoir une meilleure représentativité de l'immigration à l'Assemblée et une amélioration du quotidien de chaque algérien, que ça soit sa sécurité ou son pouvoir d'achat", a-t-il dit après avoir glissé le bulletin dans l'urne transparente. Présent au dispositif d'accueil des électeurs, le consul d'Algérie à Bobigny, Chérif Oualid, s'est dit "très content" de voir cette affluence vers les bureaux de vote. "Cela prouve encore une fois l'attachement de nos ressortissants à leur pays, surtout au processus de réformes en cours", a-t-il dit, souhaitant que cet engouement pour la votation se poursuive les 9 et 10 mai. En tant que représentant de l'Administration, M. Oualid avait mené, ces derniers jours, une campagne d'information auprès de la communauté établie dans sa circonscription consulaire, pour les inciter à venir en masse voter. L'opération de vote, qui se déroule sous l'£il vigilant d'observateurs, des représentants des candidats en lice, a débuté avec un décalage de plus de trois quart d'heure. "On attendait l'arrivée des observateurs qui n'étaient pas tous là à l'heure indiqué - 8 heures - Vu notre impartialité dans l'opération, il ne fallait pas manipuler les bulletins de vote et procéder aux scellés des urnes à leur insu", a expliqué le consul de Bobigny. Excepté ce contre temps, l'opération de vote se déroule dans des conditions "normales", ont affirmé des représentants de partis présents sur place. Pour le représentant du candidat du Mouvement des jeunes démocrates (MJD), les quelques ratées au niveau de l'organisation à l'ouverture de l'opération "n'ont aucunement influé sur l'acte de voter". "Dans chaque bureau de vote, il y a un observateur. On se relaie de manière consensuelle. Ce centre est une vraie cage en verre et le scrutin se déroule normalement", s'est-il félicité. Pas moins de 23 partis politiques sont en lice pour la zone 1 (France nord) qui comprend 489.545 électeurs. Le gros de cet électorat est à relever dans la circonscription consulaire de Bobigny avec 90.078 électeurs.