Les pays du G8 et l'Afrique vont engager lors du sommet de ce Groupe, qui se tient vendredi et samedi à Camp David (Maryland, Etats-Unis), la "Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire" comme prochaine phase de leur engagement pris en 2009 lors du Sommet d'Aquila. Pour le lancement de cette initiative, les dirigeants du G8 se réuniront avec l'actuel président de l'Union africaine, le président béninois Yayi Boni, et les présidents respectivement du Ghana, John Mills, et de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, ainsi que le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka. Cette rencontre se tient au moment où 23 millions de personnes font face à la famine dans la région du Sahel et la Corne de l'Afrique, sans compter des dizaines de millions de personnes qui souffrent de malnutrition à travers plusieurs pays du continent. La Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire est une initiative qui ambitionne d'assurer la croissance agricole et de tirer 50 millions de personnes de la pauvreté en Afrique au cours des 10 prochaines années, avec l'appui également de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et le Programme alimentaire mondial de l'ONU. Combinant l'aide de capitaux privés, l'innovation et les stratégies de gestion du risque, ce programme est sensé compléter la mise en œuvre de l'engagement pris par le Sommet du G8 d'Aquila (Italie) de 2009 avec la promesse des pays de ce groupe d'investir 22 milliards de dollars sur trois ans dans la mise en œuvre de plans nationaux d'action pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement notamment en Afrique. A ce jour, à peine 30% de ces engagements des pays riches ont été tenus. Le G8 entend mettre en œuvre les engagements financiers pris à Aquila grâce à une assistance bilatérale et multilatérale et à des aides qui seront adossées à des plans agricoles nationaux. Quant au dispositif de cette alliance, dont les détails ont été dévoilés vendredi par les services de la Maison-Blanche, il porte sur des programmes de partenariats bilatéraux et multilatéraux, des plans d'investissements et d'améliorations du rendement agricole ainsi que l'élargissement de l'accès des pays africains aux technologies alimentaires et nutritionnelles développées par les instituts de recherche. Pour assurer la mise en œuvre de ce programme, un Conseil de direction devra être mis en place et tiendra informés régulièrement le G-8 et l'Union africaine des progrès accomplis dans la réalisation des engagements pris au titre de la Nouvelle Alliance, avec un rapport qui sera également présenté au Sommet du G8 de 2013. A l'occasion de la tenue de ce sommet du G8, l'organisation internationale de lutte contre la pauvreté et l'injustice dans le monde, Oxfam, a appelé les dirigeants de ce groupe des plus grands pays industrialisés à prendre des "engagements politiques et financiers prévisibles et mesurables, pouvant permettre à 50 millions de personnes de sortir de la pauvreté au moyen d'une agriculture vivrière durable à l'horizon 2015". "De la Corne de l'Afrique au Sahel, des agriculteurs et des éleveurs, parmi lesquels de nombreuses femmes, travaillent sans relâche pour vaincre la faim qui sévit dans leurs communautés, se battant contre les prix élevés des denrées alimentaires et les aléas météorologiques", observe Gawain Kripke d'Oxfam. Rappelant les promesses du G8 d'Aquila d'investir 22 milliards de dollars sur trois ans dans la mise en œuvre de plans nationaux d'action pour la sécurité alimentaire, cette organisation observe qu'un certain nombre de pays africains ont élaboré des plans durables et coordonnés en faveur de la sécurité alimentaire et du développement de l'agriculture, soulignant qu'il ne leur manque qu'un partenaire pour pouvoir démarrer. Pour M. Kripke, "au moins 30 pays pauvres ont élaboré des plans d'amélioration de l'agriculture et de lutte contre l'insécurité alimentaire en Afrique, mais ils n'ont toujours pas vu la couleur des ressources promises". En outre, avance Oxfam, des signes inquiétants indiquent que les dirigeants du G8 comptent sur le secteur privé pour compenser leurs déficits, alors qu'il est improbable que le secteur privé puisse consentir des investissements de la nature et de l'envergure nécessaires à la réforme du système alimentaire défaillant.