TEMOUCHENT - La Fondation Emir Abdelkader a commémoré, jeudi dans la commune éponyme (30 km d'Ain-Temouchent), le 175e anniversaire du Traité de la Tafna, signé le 30 mai 1837 entre l'Emir Abdelkader et le général français Bugeaud. La cérémonie a été marquée par un rassemblement au pied de la stèle commémorant l'évènement où l'assistance a pris connaissance des 15 articles du Traité répartis en deux plaques et rédigés en langue dialectale et s'est recueillie à la mémoire de l'Emir et des chouhada. En présence des membres de la Fondation et de ses sections de plusieurs wilayas, d'universitaires et des autorités locales, Driss El Djazairi, président d'honneur de la Fondation Emir Abdelkader est intervenu pour mettre l'accent sur l'importance de ce Traité qui a conféré à l'Algérie une "reconnaissance internationale", a-t-il dit. S'agissant du mode de gouvernance de ce grand homme d'Etat, il a affirmé que "l'Algérie n'a nullement besoin d'importer de système de gouvernance, ayant en la personne de l'Emir un modèle spécifique en la matière". Cet endroit a été traité artistiquement, en début d'année 2010, par la réalisation d'un portrait géant de l'Emir Abdelkader au bas de la stèle, ainsi qu'une statue le représentant sur un cheval. Les festivités se sont poursuivies au niveau de la salle polyvalente de la commune où plusieurs communications ont été présentées. Le professeur Larbi Djeradi de l'université de Mostaganem a insisté sur la nécessité de conférer le caractère de "journée nationale au 30 mai 1837, date de la création de l'Etat algérien". Tout en précisant que cet Etat était né dans cette commune qui nécessite beaucoup d'égards, Driss el Djazairi a mis l'accent sur le lancement d'études approfondies sur la personnalité de l'Emir. Par ailleurs, l'intégration pleine et entière de la pensée et des actions de l'Emir Abdelkader doit également figurer au premier plan des programmes éducatifs, a-t-il suggéré. Pour le professeur Sohbi Hassane de l'université d'Oran, "l'Emir Abdelkader n'a jamais signé de Traité. Il a paraphé plutôt une trêve fixant les lignes de démarcation entre les deux armées". Se référant au rapport rédigé par le général Bugeaud lui-même à l'intention de son roi, il a précisé que "l'Emir a toujours clamé qu'il ne signera pas et ne signera jamais un traité avec la France". Après avoir décrit les conditions entourant la signature de ce document, ce professeur à l'Ecole des forces aériennes de Tafraoui (Oran) a rappelé, qu'entre 1830 et 1843, la France coloniale a perdu, en Algérie, 100.000 soldats dont sept brigades et sept généraux à Médéa. Pour le professeur Boutaleb Chamyl, président de la Fondation, cette date historique doit être communiquée aux jeunes générations qui, à leur tour, l'étudieront et lanceront des recherches quant à l'importance du rôle joué par l'Emir dans l'édification de l'Etat algérien. Il a mis aussi en exergue, dans son intervention, les qualités exceptionnelles et multiples de l'Emir "au point où ses faits d'armes et sa diplomatie s'étudient de nos jours en Occident". "Ses exploits de guerre n'avaient d'égal que sa grande sagesse et son engagement pour son peuple et sa religion", a-t-il souligné.