Une vingtaine de cadres, membres du conseil national du Front des Forces Socialistes (FFS), ont interpellé samedi à Alger le président du parti, M. Hocine Aït Ahmed pour prendre des mesures "concrètes" à même de "restituer le parti à ses militants". Dans une déclaration signée par 20 membres du conseil national du parti, adressée au conseil réuni sur deux jours en session ordinaire, il est demandé "l'intervention politique" du président du parti pour la prise de mesures "concrètes" à même de restituer le parti à ses militants, "condition sine qua non pour la sauvegarde du parti", estiment les signataires. Ces membres du conseil national du FFS disent s'être concertés sur la situation politique et organique du parti et pris la décision d'adresser cette déclaration au conseil national avant sa diffusion. Ils estiment que le FFS vivait "la crise la plus profonde de son histoire" et qu'il était "victime d'un véritable complot visant le renversement de ses structures et de sa ligne politique". Les concernés ont également dénoncé "toutes les pratiques d'exclusion" et ont exprimé leur "entière solidarité" avec leur camarades "victimes de sanctions arbitraires et injustifiées". Deux cadres du parti ont été suspendus de toute activité au sein et au nom du parti pour s'être opposés à la participation du parti aux dernières législatives et avoir tenu publiquement (dans la presse) des propos dans ce sens, et considéré cette participation de "compromission avec les cercles du régime". Il s'agit de l'ancien premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), membre du conseil national et député élu sur la liste de Tizi-Ouzou aux dernières législatives, Karim Tabbou qui fait parti des 20 signataires de la déclaration, et de Samir Bouakouir, représentant du FFS à l'étranger. La déclaration des contestataires a exigé l'ouverture d'un débat rassembleur de toutes les énergies pour renforcer le parti et préserver son autonomie de décision, tout en saluant "toutes les initiatives et les prises de positions allant dans le sens de l'enrichissement du débat, de la consolidation des principes et valeurs du parti, de l'enracinement de la culture démocratique pour la préservation de son capital politique et historique". Les contestataires pensent que ceux qu'ils ont appelé "les détenteurs de la décision" du parti, visent à "... briser l'espoir démocratique des militants et du même coup mettre fin à toute velléité de changement dans notre pays". Ils ont reproché à l'actuelle direction du FFS, le "renoncement à sa ligne politique d'opposition au système", estimant que "son éloignement progressif des valeurs et de ses principes fondateurs, attestent de ce changement de cap et d'orientation politique". Pour eux, "au lieu de consulter la base militante, seule habilitée à décider des options politiques du parti, dans un débat franc, libre et pluriel, le secrétariat national concocte des deals et des accords dans l'opacité absolue". Ils estiment aussi que "face aux questionnements politiques pertinents et légitimes des cadres, le secrétariat adopte une politique répressive faite de menaces, de manoeuvres et de sanctions et ce au mépris de toutes les règles éthiques". Les contestataires trouvent que, ce qu'ils considèrent comme "le silence arrogant affiché à l'égard de toutes les demandes de débats formulées par les cadres et les militants, la poursuite de la politique clientéliste, le dénigrement (à) relèvent de l'irresponsabilité assimilable à une volonté de liquidation du parti". Ils ont également déploré ce qu'ils ont appelé "une consécration pure et simple de la violence et la corruption comme mode de gestion des affaires du parti". Pour finir, ils se sont dits "convaincus qu'à défaut d'un sursaut démocratique véritable et salvateur, le FFS perdra toute sa crédibilité".