L'avènement de la radio "La voix de l'Algérie libre" fut le couronnement d'une longue et périlleuse aventure menée par de jeunes animateurs radio, conscients de l'enjeu décisif de cette "guerre des ondes" qui les opposait à l'impressionnante "machine de propagande" coloniale, a estimé, lundi à Berrouaghia (Médéa), l'un des animateurs de cette radio, Abdelaziz Chekiri. S'exprimant à l'occasion d'une conférence sur "Les transmissions et les moyens de communications durant la guerre de libération", organisée à la maison de la Culture Hassan el Hassani, à l'initiative de l'association des anciens du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG), le moudjahid Chekiri a indiqué que la "Révolution algérienne a réussi à remporter l'ultime bataille dans cette ‘'guerre des ondes'' que l'administration coloniale avait engagée, dès le déclenchement de la révolution, pour ‘'saper'' le moral des Algériens, grâce aux dévouement et l'abnégation des jeunes pionniers de la radio algérienne qui ont pu faire parvenir la voix de la Révolution à l'intérieur des foyers des Algériens". La propagande coloniale misait beaucoup, a-t-il expliqué, sur cet outil d'information et espérait parvenir à "semer le doute" dans l'esprit de la population et "ébranler" leur confiance en l'Armée de libération nationale (ALN). Conscients de cet enjeu, la Révolution a décidé de se lancer dans cette guerre, en se dotant, à partir du mois de décembre 1956, d'une station de radio mobile qui a commencé à sillonner la bande frontalière dans l'Ouest du pays. Des émissions radiophoniques régulières étaient transmises, dès 20h00, et permettaient aux foyers dotés de poste radio TSF de suivre les différentes questions d'actualité du jour et les développements de la Révolution, sur le plan militaire mais également politique, a-t-il affirmé. De jeunes animateurs radio, parmi lesquels les défunts Abdelmadjid Meziane, Rédha Benchikh el Houcine, Meddai el Houas, se reliaient à tour de rôle pour informer la population sur les évènements qui se produisaient sur le "front" et sur la scène politique nationale et internationale. Les émissions radiophoniques étaient déclinées en trois langues, arabe, français et kabyle, dans un souci d'élargir l'audience de cette "radio pionnière", a précisé le moudjahid Chekiri. La Révolution algérienne a eu recours, durant les premières années, aux radios des pays arabes, tunisienne et égyptienne, en l'occurrence, pour faire parvenir sa voix au peuple algérien et au monde. La radio "Sawt al arab " (la Voix des Arabes) au Caire, qui consacrait trois émissions hebdomadaires à l'Algérie, avait joué un rôle crucial dans cette "guerre sonore", au même titre que la radio tunisienne qui diffusait, trois fois par semaine, une émission spéciale intitulée "Ici la voix de l'Algérie sœur combattante ", dont l'une des figures de proue ne fut d'autre que le défunt Mohamed Aissa Messaoudi. Ce réseau de communication extérieur fut renforcé, dès l'année 1958, par la création de plusieurs stations radio, parmi lesquelles celles de Tripoli, Damas, le Caire, Baghdad, Pékin, Benghazi, Marsa Matrouh (Egypte), Accra, Conakry et Rabat. Un autre réseau interne fut également développé par les services du MALG qui se sont dotés de nouveaux équipements de transmission. "Il devint ainsi possible pour la population de se brancher sur différentes fréquences et d'en capter l'une des radios qui émettaient, soit de l'intérieur ou de l'extérieur de nos frontières", a ajouté ce moudjahid. Le moudjahid Chekiri a rappelé, dans ce contexte, les "vaines" tentatives de la machine militaire coloniale pour "brouiller" ces émissions, à travers la création de stations de brouillage en différents endroits du pays. "Des tentatives qui échouèrent en raison de la mobilité des stations d'émission et du changement constant des lieux de transmission de leurs programmes", a-t-il dit.