Des avancées notables ont été enregistrées sur le plan de la santé cinquante ans après l'indépendance, grâce à l'intérêt grandissant que l'Etat n'a cessé d'accorder à ce secteur encore en proie à quelques problèmes, selon les spécialistes. Toutes les lois algériennes accordent un intérêt particulier à la prise en charge sanitaire consacrée dans l'article 54 de la constitution dans le souci évident d'assurer la protection de la santé du citoyen, a fait remarquer Pr. Louiza Chachoua membre de la commission de la santé au Conseil de la Nation. La décennie post-indépendance (1962-1972), a-t-elle rappelé, était marquée par un manque flagrant de médecins, l'Algérie ne disposait alors que de 500 médecins pour 10,5 millions d'habitants. Les données statistiques de cette période révèlent une augmentation de la moralité infantile de l'ordre de 180 décès pour chaque 1000 naissances vivantes. Le cinquième d'entre eux décédaient avant l'âge d'un an en raison de la propagation de maladies infectieuses et du manque de vaccination qui ne dépassait pas 10%. La mortalité maternelle était aussi élevée et atteignait 230 décès pour chaque 1000 habitants. Le manque de ressources financières, a ajouté Pr Chachoua a rendu l'Algérie à cette époque, totalement impuissante devant la propagation des épidémies qui ont entraîné une mortalité effarante et un grand nombre d'handicapés au sein de la société. Afin de palier cette situation et de réduire les disparités en matière de couverture sanitaire, l'Etat avait décidé d'instaurer une mi-temps obligatoire dans le secteur public pour les praticiens installés dans le privé dans le but de prodiguer les soins à tous, d'instituer la vaccination obligatoire pour tous les enfants et une campagne nationale d'envergure d'éradication du paludisme. Concernant la décennie (1972-1982) elle s'est distinguée, selon Pr. Chachoua, par l'adoption d'une politique sanitaire qui reposait sur trois axes, l'instauration de la gratuité des soins à partir de janvier 1974, la réforme des études médicales dans le but d'améliorer la qualité de l'enseignement et de mieux maîtriser l'encadrement des flux d'étudiants et enfin la mise en place des unités de soins de base. Cette décennie, a-t-elle souligné, a été caractérisée par une explosion démographique et la propagation de maladies a transmission hydrique et zoonoses nécessitant une prise en charge intersectorielle. Quant à la période allant de 1982 à 1992, elle a vu la réalisation de nombreuses infrastructures sanitaires en particulier d'hôpitaux généraux de polycliniques et centres de santé dans le but d'étendre la couverture sanitaire à tout le territoire national. Durant la même décennie le secteur a vécu un événement important celui de la réalisation de 13 centres hospitalo-universitaires (CHU) chargés des soins, de la formation et de la recherche scientifique. Ces structures ont contribué à la promotion de la formation médicale et paramédicale et permis l'émergence de compétences nationales qui ont brillé lors de rencontres internationales par des communications de haut niveau. En dépit de l'amorce de la transition épidémiologique avec une remarquable diminution de l'incidence de certaines maladies transmissibles, Pr. Chachoua a affirmé que le secteur avait rencontré des difficultés dans l'approvisionnement en produits pharmaceutiques et des contraintes financières. Ces difficultés n'avaient pas empêché les pouvoirs publics d'appliquer certaines réformes telle la création du secteur privé. La décennie suivante (1992-2002) était, selon la même source, riche en réalisations. Plusieurs établissements de soutien à l'action du ministère ont vu le jour à l'instar du laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, l'institut Pasteur d'Algérie, devenu un laboratoire de référence pour l'organisation mondiale de la santé en matière d'expertise virologique et de surveillance de la résistance des germes aux antibiotiques. Notant également dans ce cadre la pharmacie centrale des hôpitaux, l'agence nationale du sang, le centre national de pharmacovigilance, le centre national de toxicologie et l'agence nationale de documentation de la santé. Cette décennie a également été marquée par la révision des statuts des établissements de santé (CHU, EHS et SS) et des textes régissant l'activité complémentaire pour les praticiens de santé publique. La décennie a, d'autre part, vu la relance des programmes nationaux, la redéfinition de la politique du médicament en matière d'importation, d'enregistrement, de contrôle et de distribution ainsi que la levée du monopole de l'Etat sur les importations, la production et la distribution en gros de ces produits. La dernière période s'étalant de 2002 à 2012 a démontré, selon Pr. Chachoua, que le système de santé avait atteint ses limites et souffrait d'un certain nombre de dysfonctionnements structurels et organisationnels que rencontrent les établissements ce qui a emmené les pouvoirs publics à initier la politique de la réforme hospitalière qui vise la planification et l'organisation de l'offre de soins. La nouvelle politique vise l'humanisation et la sécurisation des prestations de soins ainsi que la modernisation et la requalification des services de soins en créant des activités adaptées aux nouvelles demandes de manière à garantir des prestations de qualité dans le respect des principes d'équité et de solidarité. Devant la nécessité de prendre en charge la double transition démographique et épidémiologique, le secteur s'est soucié du renforcement des soins de proximité afin de rapprocher la santé du citoyen. Les pouvoirs publics ont entamé l'application d'une nouvelle réglementation des établissements de santé en 2007 avec pour objectif de séparer les établissements hospitaliers de ceux assurant les soins de base. Un nouveau découpage a touché les établissements de santé à l'instar des établissements publics hospitaliers et les établissements publics de santé de proximité qui comprennent les salles de soins ainsi que les polycliniques. Le secteur a bénéficié de 2005 à 2009 d'une enveloppe financière de 244 milliards de da d'investissement public pour la réalisation de 800 infrastructures hospitalières et de proximité. Le secteur a réalisé durant la dernière décennie plusieurs acquis en matière de généralisation de la couverture de vaccination de l'ordre de 90% ce qui a contribué à juguler de nombreuses maladies graves responsables de décès et d'handicaps qui sévissaient dans les premières années post indépendance, le recul de la mortalité infantile atteignant les seuils recommandés par l'OMS et la baisse de la mortalité maternelle de 5% chaque année. Le secteur a bénéficié d'équipements modernes importants pour les dépistages précoces et les diagnostics des maladies chroniques très répandues les dernières années liées en grande partie aux mutations de la société algérienne et aux habitudes et comportements de l'individu.