Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué mardi qu'entre 1990 et 2005, l'Afrique a perdu près de 284 milliards de dollars à cause de conflits alimentés par des transferts d'armes et de munitions. Dans son discours à la première Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes qui se tient du 3 au 27 juillet à New York, le chef de l'ONU a exhorté mardi les Etats membres à élaborer un traité afin de réglementer le commerce des armes, soulignant qu'il était grand temps de se doter de normes pertinentes. "Nous avons fait des progrès considérables dans le domaine des armes de destruction massive, mais la communauté internationale n'a pas su maintenir le même élan s'agissant des armes classiques", a-t-il déclaré. "Certes, les questions nucléaires font toujours la une des journaux, mais les armes classiques tuent tous les jours", a-t-il fait observer, avant de préciser que les transferts d'armes classiques mal réglementés alimentent les conflits civils, déstabilisent des régions entières et consolident les réseaux criminels et les groupes terroristes. En Afrique, entre 1990 et 2005, 33 pays ont perdu quelque 284 milliards de dollars à cause de conflits alimentés par des transferts d'armes et de munitions, dont 95% viennent de l'extérieur du continent, selon lui. Actuellement, le coût de 60 années de maintien de la paix de l'ONU est moindre que celui de six semaines de dépenses militaires, a-t-il encore indiqué. "La mauvaise réglementation du commerce des armes classiques est un obstacle notable à tout ce que nous faisons, dont le moindre est la difficulté de l'accès humanitaire", a déploré Ban Ki-moon, ajoutant qu'une série de normes agréées sur l'exportation des armes, conjuguée à des législations nationales strictes "peuvent changer tout et plus encore". Il a observé que "la tâche est extrêmement complexe car le commerce des armes est au coeur des intérêts nationaux et que les préoccupations sont légitimes et les points de vue diversifiés". Néanmoins, il a affirmé que l'objectif commun est clair qui est celui d'un traité pour le commerce des armes juridiquement contraignant qui aurait un véritable impact sur la vie de ces millions de gens qui souffrent des conséquences des conflits, de la répression et de la violence armées. "C'est ambitieux mais réalisable", a encouragé le Secrétaire général. Par ailleurs, le site Internet de cette Conférence, dont l'objectif est d'élaborer un instrument juridiquement contraignant, indique qu'en l'absence de normes communes et strictes pour guider les décisions nationales sur le transfert des armes, il est très aisé d'utiliser de telles armes pour commettre des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, et de détourner ces armes vers les marchés illicites. La Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes est la plus importante initiative jamais organisée dans le domaine du contrôle des armes. Quelques 2.000 représentants de pays, d'organisations internationales et régionales et de la société civile participent à cet évènement. En février dernier, les chefs de plusieurs agences des Nations Unies, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme et le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), avaient plaidé en faveur de la création d'un tel traité.