La Conférence des Nations Unies pour un traité sur le commerce des armes a entamé lundi sa deuxième semaine de travaux, traversée par de profonds doutes quant à la faculté de finaliser le texte dans les délais impartis fixés au plus tard le 27 juillet en cours. Selon plusieurs délégations, quatre semaines de conférence ne sont pas suffisantes pour parvenir à un consensus, relevant les nombreuses divergences sur les critères d'interdiction du transfert d'armes classiques. La Russie a regretté qu'à l'issue de ses différentes sessions, qui ont été échelonnées entre 2010 et 2011, le Comité préparatoire n'ait pas été en mesure de s'acquitter complètement de son mandat en fournissant à la Conférence des recommandations. ‘‘Au lieu de recommandations, les Etats Membres ont un document de travail dont le principal problème est qu'il reprend l'ensemble des divergences'', a estimé le représentant russe. Pour son homologue du Bélarus, le large éventail d'opinions sur le contenu du traité à venir ‘‘ne pouvait pas inciter à l'optimisme''. La Conférence, qui a commencé son débat général avec deux jours de retard, négocie, depuis le 6 juillet, un ‘‘document de discussions'' qui réunit des avis sur ce que doit être le traité sur le commerce des armes. Il évoque la portée du traité qui devrait, selon de nombreuses délégations, couvrir tous les types d'armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre (ALPC) mais pas, a insisté le représentant de l'Italie, les armes pour le sport et la chasse. S'agissant des critères d'interdiction, le document de discussion, dans son état actuel, ne parle que ‘‘des violations potentielles au droit international'' et des ‘‘conséquences potentielles des exportations'' des armes classiques, définies comme les armes qui n'ont pas une capacité de destruction massive, contrairement aux armes nucléaires, biologiques ou chimiques. Ces armes constituent le type d'armement le plus courant sur le globe et, à cet égard, de nombreux pays, comme l'Irlande et l'Allemagne, ont plaidé pour des normes très élevées en matière de transfert, d'exportation, de réexportation et de transit qui, selon le document de discussion, doivent être interdits s'ils risquent de violer le droit international humanitaire, les droits de l'homme et le développement socioéconomique. ‘‘Seuls les pays importateurs seront ciblés si ce traité permet ainsi aux grands exportateurs et producteurs de s'ériger en juges des pratiques d'autres pays dans les domaines des droits de l'homme ou du développement durable'', a rétorqué le représentant de la Syrie. Un traité qui ne tiendrait pas compte des inégalités entre les pays producteurs d'armes et les pays importateurs ne ferait que renforcer les monopoles, a renchéri le représentant de la République populaire démocratique de Corée. Selon son homologue du Pakistan, ‘‘tout traité qui traiterait du transfert des armes mais pas de leur développement, de leur production et de leur déploiement, serait inéquitable vis-à-vis des pays non producteurs''. Dans la foulée, plusieurs délégations, dont celles de la Chine, de l'Irak, du Niger ou encore du Vietnam, ont fermement appuyé l'idée selon laquelle le futur traité ne peut en aucun cas compromettre les intérêts des Etats à acquérir légalement des armes pour assurer leur légitime défense. ‘‘Le texte doit chercher l'équilibre entre les obligations et les préoccupations des Etats en matière de sécurité'', a rappelé le représentant de la République de Corée, et ‘‘étant donné que le commerce des armes est étroitement lié à la sécurité nationale'', son homologue de la Chine a estimé que certaines des mesures envisagées en matière de transparence ne sont pas tout à fait appropriées.