Des combats "d'une extrême violence" se déroulaient jeudi dans le centre de Damas où un attentat a tué la veille trois hauts responsables du gouvernement dont le ministre de la Défense, une attaque inédite qui continue de susciter de vives condamnations dans le monde. Afin d'épargner les civils, les forces gouvernementales ont demandé aux résidents de certains quartiers de la capitale de s'éloigner des zones d'affrontements, selon une source de sécurité à Damas, les terroristes cherchant, d'après cette même source, à utiliser les habitants comme "boucliers humains". "Ces combats d'une extrême violence devraient se poursuivre pendant les prochaines 48 heures pour nettoyer Damas des terroristes avant le début du ramadhan", a indiqué cette source ajoutant que l'armée est décidée à "utiliser toutes les armes en sa possession pour en finir avec les terroristes". Ces combats se sont intensifiés au lendemain d'un attentat contre le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas dans lequel ont péri le ministre de la Défense, Daoud Rajha, le vice-ministre de la Défense et beau-frère du président Bachar al-Assad, Assef Chawkat, ainsi que Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place après le déclenchement de la révolte. Ces nouveaux affrontements, les plus violents depuis le début de la révolte en mars 2011, ont déclenché, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), un mouvement d'exode de "centaines de personnes" dans plusieurs quartiers de la capitale syrienne. A Mazzé (ouest), des centaines d'habitants se déplaçaient d'un secteur situé à la périphérie de ce grand quartier huppé en direction de l'intérieur, "par peur d'une opération d'envergure des forces régulières" à la suite de combats, d'après cette même ONG. Des habitants fuyaient également le quartier de Tadamoun et le camp palestinien de Yarmouk (sud), a ajouté la même source. La journée de mercredi a été donc particulièrement meurtrière avec plus de 200 personnes tuées, selon l'OSDH, dans une série de violences à travers le pays, en plus de l'attentat de Damas qui continue de soulever l'indignation de la communauté internationale. Ainsi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "a fermement condamné" l'attentat contre l'appareil sécuritaire à Damas, le premier du genre depuis mars 2001, et souligné "l'urgence extrême" que revêt l'arrêt de la violence armée par les deux camps. Dans un communiqué de son porte-parole, M. Ban a encore souligné que "les actes de violence commis par l'une ou l'autre des parties sont inacceptables et constituent une violation" du plan de paix de l'émissaire international pour la Syrie Kofi Annan, une initiative qui demeure dans l'impasse. La recrudescence de la violence en Syrie survient à la veille de l'expiration du mandat de la mission de l'ONU censée superviser le cessez-le-feu décrété en avril dans le pays mais jamais respecté par les parties en conflit. Le chef des observateurs onusiens, le général Robert Mood, a, à cet effet, appelé jeudi les parties en conflit à mettre fin au bain de sang et à la violence "sous toutes ses formes". Pour le général Mood, la Syrie "n'est pas sur la voie de la paix". "L'escalade qu'a connue Damas au cours des derniers jours en est témoin", a-t-il expliqué devant la presse en référence aux violents combats qui secouent la capitale depuis dimanche dernier. Les déclarations du général Mood interviennent peu avant un vote au Conseil de sécurité onusien sur un projet de résolution menaçant de sanctions Damas. Mais le texte risque d'être rejeté par la Russie et la Chine, opposées au recours à la force contre le gouvernement syrien. Prévu initialement mercredi, ce vote a été reporté à jeudi à la demande de l'émissaire Kofi Annan qui espère encore un compromis avec Moscou, selon des diplomates. Mais le Kremlin a fait état mercredi soir de "divergences persistantes" entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Barack Obama à propos de la Syrie. "Dans l'ensemble, l'échange a montré la concordance des analyses de la situation en Syrie et de l'objectif d'un règlement. Dans le même temps persistent les divergences sur la manière concrète de parvenir a un tel règlement", a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Moscou a déposé de son côté un projet de résolution qui prévoit la prolongation de la mission des observateurs internationaux, mais sans aucune menace de sanction à l'égard de Damas. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'ONU a jusqu'à vendredi soir pour adopter une résolution sur le sort des 300 observateurs de la Mission d'observation de l'ONU en Syrie (Misnus), dont le mandat expire à cette date.