Le secteur de l'industrie artisanale tend à ancrer l'identité nationale et à sauvegarder le patrimoine culturel dont les racines s'étendent à travers l'histoire de l'Algérie laquelle a oeuvré à consacrer, durant ces cinquante dernières années, son implication dans le processus de développement. Ce secteur qui emploie actuellement quelque 500.000 travailleurs dans différentes activités ambitionne de porter ce chiffre à 900.000 postes d'emploi à l'horizon 2020 pour résorber le chômage et assurer un développement durable. L'industrie artisanale dont l'essentiel de ses produits reflète l'identité nationale a pu réaliser ces acquis en un temps relativement court grâce aux efforts entrepris dans le cadre des réformes initiées en matière d'organisation, d'encadrement et de formation au profit aussi bien des artisans que les personnes en charge de ce secteur. La sauvegarde du label algérien qui distingue l'industrie artisanale constitue la préoccupation majeure des responsables de ce secteur dont les produits doivent exprimer d'une part le patrimoine culturel et civilisationnel algérien et d'autre part renforcer sa position au niveau des marchés internationaux estiment les experts en la matière. Un statut qui définit l'artisan, ses droits et ses devoirs Le statut de l'artisan (82/12) qui renferme pour la première fois une définition bien précise de l'artisan, ainsi que ses droits et ses devoirs stipule la disposition de l'Etat à protéger, encourager, promouvoir et développer les activités artisanales qui contribuent au développement économique et social de l'Etat. Il définit l'artisan comme étant "toute personne possédant les qualifications requises, maître de l'outil de son travail et exerce une activité dans le but de produire, de transformer, de corriger ou de fournir des prestations matérielles et gère son activité tout en assumant la responsabilité". Le statut a introduit pour la première fois également le concept de l'entreprise artisanale qu'il définit comme étant "toute entreprise qui exerce une activité dans un but de production, de transformation, de maintenance et de prestation, à condition qu'elle n'emploie pas plus de 7 travailleurs permanents et dont les investissements ne devraient pas dépasser 1 million de DA. En vertu de cette loi, le registre de l'artisanat sera établi pour y inscrire tous les artisans individuels, outre le registre des métiers où sont répertoriées toutes les exploitations agricoles qui sont portées systématiquement sur le registre de commerce. Cet enregistrement garantit à l'artisan et à l'exploitation tous les droits liés à l'appui et à l'encouragement accordés par l'Etat. Par ailleurs, la chambre nationale de l'artisanat a pour principale mission la promotion du secteur de l'artisanat et des métiers et leur propagation au niveau des marchés extérieurs et ce, en coordination avec les artisans, ainsi que l'établissement de relations de coopération et d'échange avec les instances étrangères similaires. Entre autres missions de la Chambre figurent la formation et la qualification des artisans. Depuis sa création, la Chambre a pris en charge la formation de plus de 13 000 artisans. Plus de 5000 seront formés en 2012 avec l'aide de 21 formateurs qui ont suivi un cycle en collaboration avec le Bureau international du travail (BIT). En vue de conférer un cachet économique à l'activité artisanale, un registre de l'artisanat a été institué à partir de 1997 au niveau de chaque chambre de l'artisanat et des métiers. Plan de développement durable (2003-2010) Le gouvernement avait adopté en 2003 le plan de développement durable de l'industrie artisanale qui vise à renforcer les capacités locales en vue d'élargir les exportations hors hydrocarbures. Afin d'encourager les artisans à développer leurs produits, le plan a permis de recueillir leurs initiatives en les regroupant dans une coopérative et de créer plus de 125 associations composées de 1200 artisans dans différentes branches (céramique, mécanique, coiffure...). L'Etat a assuré la formation des artisans qui activent dans le secteur et ceux désireux de s'y intégrer en mettant en place le fond national de promotion des activités de l'industrie artisanale. Le fonds a formé 8133 porteurs de projets et encadré plus de 3000 artisans auprès d'artisans spécialisés. 370 000 postes d'emploi ont ainsi été crées et 117 milliards de DA (PIB) réalisés, selon les statistiques du ministère. Malgré ces résultats, le secteur n'a toujours pas retrouvé la place qu'il occupait autrefois en matière de création d'emploi, les artisans qui y travaillent ne représentant que 3,21 % du secteur de l'emploi contre 1,55 % en 2002 et 10 % dans les années 70. Assises de l'industrie artisanale (novembre 2009) : bilan et perspectives pour 2020 Les participants aux assises de l"'industrie artisanale avaient adopté une série de recommandations permettant notamment de remédier aux insuffisances enregistrées et à préserver les acquis. Dans le domaine de l'organisation, il a été proposé la mise en place d'un système fiscal incitatif simplifié pour tous les artisans notamment les nouveaux inscrits et les porteurs de projets. Des formules de financement ont également été proposées pour accompagner cette catégorie qui a bénéficié aussi de facilités pour accéder aux mécanismes de soutien à ces projets. Après avoir souligné le caractère prioritaire de la formation lors de ces assises, les experts ont appelé à l'institution de la formation spécialisée en matière d'artisanat sous la supervision d'encadreurs qualifiés. Les participants ont recommandé en outre, l'intégration de la recherche et de l'invention dans le domaine de la formation afin de l'adapter aux exigences du marché et aux nouveaux modes de consommation. En vue de promouvoir le produit algérien, les participants ont estimé nécessaire l'appui des politiques publicitaires pour la commercialisation des produits de l'artisanat par le biais des différents médias (écrit, audiovisuel et électronique) en vue de concurrencer les produits importés. Lors de cette rencontre, l'accent a été également mis sur la complémentarité entre le secteur de l'artisanat et les autres secteurs économiques à l'instar de la formation professionnelle et le commerce dans le but d'accompagner les artisans, développer leurs capacités et commercialiser leurs produits.