Amnesty International a mis en garde mardi contre l'utilisation de la violence contre les manifestants et la torture des détenus, ainsi que le non-respect de la loi par les forces de sécurité égyptiennes, 20 mois après le mouvement de protestation qui a mené à la chute du président Hosni Moubarak. Dans un rapport publié au Caire intitulé "les outils de la répression : la police égyptienne et la question de la réforme", Amnesty international a indiqué qu"'il n'y a pas de signes de changement dans le comportement des forces de sécurité égyptienne", soulignant que le nouveau gouvernement "n'a pris jusqu'à présent aucune mesure contre les graves exactions commises à l'encontre des manifestants et des détenus". La sous-directrice du programme du Moyen Orient et d'Afrique du Nord de l'organisation, Hassiba Hadj Sahraoui a affirmé que les ministres de l'intérieur qui se sont succédés à la tête de la police égyptienne depuis les évènements du 25 janvier 2011 ont réaffirmé à maintes reprises leur engagement à reformer la police et à respecter les droits de l'homme, mais "les reformes n'ont pas été engagés jusqu'à ce jour". L'organisation a accusé dans deux rapports, la police et l'armée égyptienne de graves violations des droits de l'Homme durant la période de transition sous-direction militaire qui a suivi la chute de Hosni Moubarak début 2011, appelant le président égyptien à "une réforme profonde" de ces deux institutions. Amnesty International a dénoncé "les homicides illégaux, le recours excessif à la force, les actes de torture et autres mauvais traitements infligés aux manifestants, tant par les militaires que par les policiers" durant la période de 16 mois où le pays a été dirigé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), de février 2011 à la prise de fonctions de M. Morsi en juin 2012. Un premier rapport s'appuie sur des enquêtes menées sur plusieurs manifestations violemment réprimées, à la suite desquelles "les tribunaux militaires n'ont fourni aucun recours aux victimes, tandis que les enquêteurs civils n'ont pas souhaité ou pas pu inculper un seul membre des forces de l'ordre pour les crimes commis", a-t-elle souligné dans son rapport. "Des manifestants ont été roués de coups, soumis à des décharges électriques, menacés de violences sexuelles et soumis à d'autres atteintes aux droits humains par les militaires. Des milliers d'entre eux ont été jugés, ou doivent être jugés, dans le cadre de procès iniques devant des tribunaux militaires", a ajouté Amnesty International. Un second rapport met en évidence "l'impunité totale" dont jouissent les forces de police égyptiennes. Ce rapport met en lumière "la réponse brutale des forces de police face aux manifestations, ainsi que la pratique établie de longue date consistant à torturer les détenus et le mépris éhonté" pour les règles du droit.