Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis en relief les graves répercussions de la crise en Syrie sur la sécurité de ses voisins et sur la stabilité et la paix dans la région, dans sa déclaration condamnant les derniers tirs d'artillerie syriens à la frontière avec la Turquie et qui ont causé la mort de civils. Cet incident, qui a suscité la colère de la Turquie et de vives condamnations internationales, a fait également plus d'une dizaine de blessés mercredi par des tirs d'obus provenant de Syrie sur le bourg frontalier d'Akçakale, dans la province de Sanliurfa, dans le sud-est du territoire turc. Ankara a riposté en bombardant plusieurs cibles en Syrie et les tirs se sont poursuivis jeudi. Les membres du Conseil de sécurité onusien ont, dans une déclaration rendue publique jeudi, souligné que les tirs d'obus de l'armée syrienne contre la ville turque d'Akçakale, qu'ils ont "condamné dans les termes les plus fermes" mettaient "en lumière les graves répercussions qu'a la crise en Syrie sur la sécurité de ses voisins et sur la stabilité et la paix dans la région". Les membres du Conseil ont aussi appelé les parties concernées à la retenue, et exigé que de telles violations du droit international cessent immédiatement et ne se reproduisent pas. Ils s'exprimaient dans une déclaration rendue publique jeudi par le représentant permanent du Guatemala auprès de l'ONU Gert Rosenthal, dont la délégation préside le Conseil de sécurité pour le mois d'octobre. Plus tôt dans la journée, le Secrétaire général, Ban Ki-moon, s'était déclaré alarmé par l'escalade des tensions à la frontière entre la Syrie et la Turquie et avait demandé à toutes les parties de faire preuve de la plus grande retenue. Dans une déclaration communiquée par son porte-parole, il est précisé que M. Ban Ki-moon ''a clairement fait savoir et, à plusieurs reprises, qu'il était préoccupé par les retombées de la crise syrienne dans les pays voisins comme cela fut le cas, hier, en Turquie''. Pour sa part, le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue arabes pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a eu des échanges avec des responsables turcs et syriens ''en vue d'encourager un apaisement des tensions''. La Syrie affirme ne pas chercher l'escalade avec ses voisins, tel qu'affirmé jeudi par son représentant permanent auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, qui a déclaré que son gouvernement était en train d'enquêter sur l'incident pour déterminer la source des tirs de mortier. L'ambassadeur syrien a lu une lettre qu'il avait précédemment adressée au président du Conseil de sécurité de l'ONU, appelant à la coopération de la part du gouvernement turc "dans le respect de la souveraineté nationale et des relations de bon voisinage". Dans la lettre, le gouvernement syrien a présenté ses "sincères condoléances" au peuple turc et a affirmé que l'enquête sur l'origine des tirs meurtriers se poursuivait. Selon M. Jaafari, la Turquie, en réponse à l'incident frontalier, a tiré des obus en direction de la Syrie mercredi soir de 19 heures à minuit et a repris ses tirs de riposte jeudi matin jusqu'à 7 heures. Deux officiers de l'armée syrienne ont été blessés. Le responsable syrien estime que la Turquie "se trompe" de politique envers la Syrie "depuis le début de la crise". Il a par ailleurs souligné que son pays avait "un intérêt crucial" à maintenir des relations de bon voisinage avec la Turquie et invitait Ankara à coopérer pour empêcher "l'infiltration de groupes terroristes et de groupes armés par nos frontières". Côté turc, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré jeudi qu'il ne souhaitait que la paix et la sécurité dans la région, et que son pays n'avait pas l'intention d'entrer en guerre avec la Syrie. "Un tir d'artillerie syrienne est tombé jeudi dans la ville d'Altinozu dans la province de Hatay. Ils (les Syriens) affirment que ces tirs ne tombent dans le territoire turc que par erreur ou par accident. Nous invitons tous nos amis à être sensibilisés sur cette question", a dit M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara. La Turquie a demandé au Conseil de sécurité et à l'OTAN de prendre des mesures contre Damas après les tirs syriens de mercredi, qui ont fait l'objet de vives critiques dans les pays occidentaux. Jeudi, le Parlement turc a adopté en session extraordinaire une motion autorisant les opérations militaires transfrontalières en Syrie, ce qui a nourri les inquiétudes quant à une escalade de la situation dans la région. La Chine, par ailleurs, appelle les parties concernées à faire preuve de retenue face à l'escalade des tensions à la frontière entre la Turquie et la Syrie. "La partie chinoise soutient depuis toujours que la souveraineté et l'intégrité territoriale doivent être respectées entre pays", a déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Il a appelé la Turquie et la Syrie à faire preuve de retenue et à s'abstenir de toute action qui pourrait aggraver les tensions, afin de maintenir la paix et la stabilité dans la région. De son côté, le secrétariat général de la Ligue des Etats arabes s'est déclaré "extrêmement préoccupé" par le climat de tension qui caractérise la frontière syro-turque après la chute mercredi d'obus provenant de Syrie sur la localité frontalière turque de "Akjakly" causant la mort de cinq civils turcs d'une même famille et blessant plusieurs personnes. Le secrétaire général de l'organisation panarabe Nabil El-Arabi a mis en garde dans un communiqué jeudi, contre "les retombées " des événements qui se déroulent dans cette région "et qui constituent une menace dangereuse pour la paix et la sécurité internationales". Pour sa part, l'Egypte a mis en garde par la voix de son ministre des affaires étrangères Mohamed Amr "contre les dangers qui planent sur la région toute entière face à une extension éventuelle de la crise syrienne".