Les travaux du Conseil Général National libyen (CGN) se sont poursuivis lundi afin de trouver un procès à même de permettre d'élire le nouveau chef du gouvernement et éviter la crise politique. Deux options sont envisagées. La première suggère qu'un membre du CGN préside le nouveau gouvernement de transition, ce qui serait "en contradiction avec la déclaration de la constitution", a affirmé le vice-président de cette assemblée, Djemaa ATIKA qui, pour ce faire, a proposé dimanche "la révision de l'article 30 de la déclaration de constitution". "Pour éviter la crise politique, il serait plus simple de choisir une personnalité consensuelle issue de la classe civile libyenne", a-t-il ajouté. Quant à l'éviction dimanche du Premier ministre libyen Moustapha Abou Chagour, après le rejet par l'Assemblée nationale d'un nouveau cabinet, trois jours après le refus premier exécutif, fortement critiqué par les députés, pourrait accentuer la crise politique en gestation dans ce pays, selon les observateurs. Le refus des 125 membres de l'Assemblée d'accorder leur confiance au "gouvernement de crise", semble être une man£uvre pour évincer Abou Chagour en usant du règlement intérieur de l'Assemblée qui devrait en urgence désigner un nouveau chef de gouvernement. En attendant, et pour éviter une crise ouverte, les élus libyens semblent s'acheminer vers le renouvellement de leur confiance dans le gouvernement de transition sortant d'Abdelrahim al-Kib. Avant de critiquer la décision de l'Assemblée, Abou Chagour a tenté de justifier son "gouvernement de crise" restreint à dix ministères par la "compétence" de sa composante faisant fi "des considérations géographiques ou politiques". "Face aux dangers qui menacent le pays, je vous présente un gouvernement de crise, restreint à dix ministères, rejetant toute considération géographique", a déclaré Abou Chagour, ajoutant que "le premier gouvernement n'était pas parfait, mais nous aurions pu le discuter et le remanier (...)". Faisant état de "chantage" de la part de membres de congrès ou de blocs politiques, Abou Chagour a critiqué "les partis politiques qui lui ont retiré la confiance" et dont les exigence étaient "irréalistes". "Certaines demandes des membres du congrès étaient irréalistes : quelques-uns exigeaient un portefeuille bien précis pour leur région, l'un des blocs politiques a demandé onze portefeuilles et un autre en a exigé neuf". Les deux principales formations politiques représentées à l'assemblée élue : l'Alliance des forces nationales (premier bloc parlementaire) de Mahmoud Jibril, qui a refusé de participer au gouvernement après l'échec des négociations, et le Parti de la justice et de la construction issu des Frères musulmans, seraient d'accord pour former un gouvernement d'union, avec à sa tête une personnalité indépendante. Selon le plan de transition, le nouveau gouvernement aura un mandat d'un an jusqu'à la tenue de nouvelles élections sur la base d'une nouvelle Constitution. A ce propos, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, avait présenté, mercredi, devant le Conseil de sécurité le rapport sur la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) où l'ancien secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Moyen-Orient, avait signifié que le transfert du pouvoir du Conseil national de transition (CNT) aux 200 membres du Congrès national, le 8 août dernier, avait été un ''moment historique''. Pour lui "le Congrès devra crée des mécanismes à travers lesquels la société civile est assurée d'avoir une voix et d'être consultée sur les questions importantes''. En ce sens, il les a exhortés ''à prendre rapidement d'importantes mesures pour former un nouveau gouvernement qui associe toutes les parties (...) afin de régler, notamment la difficile instauration d'institutions publiques solides, responsables et modernes, la collecte des armes et l'intégration des révolutionnaires dans les institutions chargées de la sécurité, autant d'éléments qui feront avancer le pays sur la voie de la démocratie, de la réconciliation nationale et de la stabilité à long terme''.