En accordant un prêt de 5 milliards de dollars au FMI, l'Algérie qui a été, il y a moins de vingt ans, contrainte d'exécuter un dur Plan d'ajustement structurel pour rééchelonner sa dette extérieure, a fini par résoudre sa crise financière et au même temps rejoindre le club restreint des pays créanciers. Le paiement anticipé de la dette extérieure, entamé en 2004 grâce à la hausse des recettes pétrolières mais aussi grâce à un choix politique bien réfléchi, a ainsi permis à l'Algérie de passer d'un pays asphyxié par un endettement massif dans les années 1980-1990 à un pays désendetté, voire prêteur, relèvent des observateurs. Le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport d'octobre 2011, a d'ailleurs classé l'Algérie au titre du pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA, occupant le 2ème rang des plus gros détenteurs de réserves officielles de change après l'Arabie saoudite. Depuis 1994, lorsque le FMI avait accepté le rééchelonnement de 16 milliards de dollars de sa dette extérieure de l'Algérie, estimée alors à plus de 30 milliards de dollars, à 2004, date du début du paiement anticipé de la dette, arrivé à 2012 avec la quasi-totalité de la dette remboursée et un prêt accordé au FMI, le pays semble remporter une "revanche historique", commente un observateur. L'Algérie a "de quoi être fière : est elle a réussi à devenir un pays prêteur et à redéfinir ses relations avec le FMI", s'est réjoui mercredi le ministre des Finances dans une déclaration à la presse. Mieux encore, l'Algérie pourra "contribuer davantage aux efforts de la communauté internationale en matière d'éradication de l'impact de la crise économique et financière", a-t-il souligné à l'issue de la réponse du Premier ministre aux questions des sénateurs. L'Algérie avait annoncé jeudi dernier, à l'occasion des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Tokyo, sa décision de participer avec un montant de 5 milliards de dollars, sous forme d'achat de titres libellés en Droits de tirage spéciaux (DTS), à l'emprunt lancé par le FMI pour l'augmentation de ses ressources à 476,8 milliards de DTS (quelque 750 milliards de dollars). Ce prêt est "un risque souverain, de l'argent liquide avec un rendement supérieur à celui assuré par les valeurs d'Etat (bons de trésor) dans lesquelles nous avons déjà investi", s'est-il encore félicité Une bonne partie des réserves de change de l'Algérie, qui avoisinent les 200 milliards de dollars actuellement, est placée en risques souverains américains et européens avec un rendement autour de 3% annuellement. Ces placements font entrer au pays pas moins de 4,5 milliards de dollars/an. "Nous allons améliorer la gestion de nos réserves de change par les conditions relatives à ce nouveau placement et nous engager d'autre part dans des relations plus solides avec l'institution internationale", a soutenu M. Djoudi. Le prêt au FMI permet en fait à l'Algérie "d'être mieux écoutée et c'est la situation qui convient le mieux à un pays comme le notre, doté de performances économiques et financières avérées", s'est-il encore félicité. Le ministère des Finances et la Banque d'Algérie avaient affirmé, dans un communiqué commun, que le prêt au FMI constituait une bonne opportunité pour l'Algérie pour diversifier ses placements et ce, sous deux angles : celui de la qualité de l'emprunteur, le FMI étant une institution financière multilatérale et de premier ordre, et celui de la monnaie choisie pour le placement. Le placement en DTS, unité de compte du FMI déterminée sur la base d'un panier de devises largement utilisées dans les marchés financiers, élargit en fait la composition par devises des réserves de change de l'Algérie et atténue par conséquent les risques de change sous-jacents, soulignait le communiqué. En 2011, 48% des placements des réserves de change de l'Algérie étaient en dollars américains et 41,3% en euros. La participation à l'emprunt du FMI s'ajoute à la décision, prise par l'Algérie début octobre, d'augmenter de 705,2 millions de DTS (équivalent de plus d'un milliard de dollars) sa quote-part au Fonds la portant de 1,25 milliard de DTS à 1,96 md de DTS (près de 3 mds de dollars). La démarche vient en exécution de l'augmentation des quotes-parts des membres du FMI décidée lors de la 14ème révision générale, en décembre 2010, qui avait entériné un doublement des contributions de cette institution financière internationale. L'Algérie a adhéré au FMI en 1963, mais ne siège toujours pas à son Conseil d'administration. Elle siège cependant au comité monétaire et financier du Fonds. Une place au Conseil d'administration du FMI "n'est pas obligatoirement un objectif immédiat pour l'Algérie", selon M. Djoudi.