Le médiateur Lakhdar Brahimi a annoncé mercredi au Caire avoir obtenu l'accord du régime et de responsables rebelles sur une trêve pour l'Aïd al-Adha en Syrie où les bombardements et les combats se poursuivaient sans répit. Les Affaires étrangères syriennes ont affirmé dans un bref communiqué que "la décision finale" sur un arrêt des violences serait "prise demain jeudi", ajoutant que "l'armée étudie l'arrêt des opérations militaires durant la fête de l'Aid. M. Brahimi a en outre indiqué que la plupart des responsables de la rébellion qu'il avait contactés avaient de leur côté accepté son appel à la trêve. Si les combats s'arrêtent entre soldats et rebelles durant la fête de l'Aid, il s'agira du premier cessez-le-feu respecté dans le conflit qui secoue la Syrie depuis 19 mois. Cette interruption des violences, qui ont fait 34.000 morts depuis la mi-mars 2011, est censée être consolidée afin de faire émerger un dialogue politique pour une sortie de crise. Mais en attendant le bilan continu à s'alourdir, dépassant quotidiennement la centaine de morts. "En cas de succès de cette initiative modeste, on pourra mettre en place un cessez-le-feu d'une plus longue durée et lancer un processus politique", a déclaré M. Brahimi, à l'issue d'un entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l'initiative de Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé d'intensité. Mercredi, l'aviation a repris ses raids sur Maaret al-Noomane (nord-ouest) où insurgés et soldats s'affrontent pour le contrôle d'une importante base militaire et d'une portion stratégique de l'autoroute Damas-Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). A Maarchourine, un autre village de la province d'Idleb, cinq personnes d'une même famille dont une femme et un enfant, ont été tuées dans un raid aérien, selon l'OSDH. Dans la banlieue nord-est de Damas, l'aviation a en outre bombardé Erbine et Harasta. Cinq civils ont péri dans des tirs et des bombardements sur Harasta assiégée par les troupes du régime qui tentent de prendre la localité d'assaut depuis plusieurs jours pour en déloger les rebelles. Des combats se déroulaient également à Damas et Alep, les deux principales villes du pays, d'après l'OSDH. Selon un bilan provisoire de l'ONG, 47 personnes —28 civils, 12 soldats et un rebelle— ont été tuées mercredi, au lendemain de la mort de 164 personnes, pour moitié des civils. Après que la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a accusé Moscou d'armer son allié le président Assad, le chef d'état-major russe, le général Nikolaï Makarov, a accusé mercredi les rebelles d'utiliser des lance-missiles de fabrication américaine Stinger. Se préparant malgré tout à un éventuel arrêt durable des violences, l'ONU a annoncé travailler sur un projet de force de maintien de la paix. Mais il doit être approuvé par les 15 membres du Conseil de sécurité, profondément divisés, Moscou et Pékin protégeant leur allié syrien en utilisant leur veto. M. Brahimi s'adressera à eux mercredi par visioconférence pour dresser un bilan de sa tournée de onze jours à Damas et dans la région. Face à la poursuite des violences en Syrie, qui compte 1,2 million de déplacés selon l'ONU, le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé une aide alimentaire à 1,5 million de personnes, contre 850.000 le mois précédent, estimant que "la situation s'aggrave" notamment à l'approche de l'hiver.